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====== Le futur de la démocratie ? Un candidat IA aux élections britanniques Le paysage politique britannique s’enrichit d’une nouveauté intrigante : Steve, un candidat alimenté par intelligence artificielle. Est-ce une blague de mauvais goût ?

Camille Coirault Publié le 16 juin 2024 à 10 h 04 min Par Camille Coirault Steve © Neural Voice Après l’influenceuse bretonne qui n’était en réalité qu’une IA, dites bonjour à Steve, un candidat IA se présentant pour un siège au Parlement britannique sous l’étiquette indépendante. Conçu par la société Neural Voice, sous l’impulsion de son dirigeant Steve Endacott, Steve est un chatbot politique permettant aux électeurs de la circonscription de Brighton Pavilion d’interagir directement avec lui grâce à une interface vocale en ligne. Ce dispositif offre aux citoyens la faculté de soumettre des questions relatives aux positions défendues par Steve Endacott, mais également, fait plus remarquable encore, de proposer leurs propres idées et réflexions.

× Apple Intelligence : à quoi ça sert ? 🍋 Endacott nourrit la vision ambitieuse que son candidat artificiel puisse transcrire et synthétiser ces échanges fructueux avec l’électorat, afin de forger par la suite des politiques publiques directement inspirées de ces interactions citoyennes. Comme le souligne l’entrepreneur dans les colonnes de Wired : « Nous réinventons la politique en utilisant l’intelligence artificielle comme socle technologique, non pour se substituer aux élus, mais pour les connecter véritablement à leur audience, à leur circonscription ». Un pas de plus vers le n’importe quoi ?

Entre lois et réalité : les obstacles de l’IA en politique Régir l’IA par un cadre légal n’est pas une mince affaire, encore moins en politique. Bien que l’enthousiasme initial suscité par cette candidature inédite de Steve ne puisse être éclipsé, de nombreux obstacles se dressent encore sur sa route.

En premier lieu, un flou juridique persiste quant à la légalité même de présenter un logiciel aux élections, tandis que la capacité réelle d’une intelligence artificielle à assumer les responsabilités quotidiennes d’un élu, au plus près des réalités humaines, demeure une incertitude de taille. Par ailleurs, si Steve se montre capable d’engager jusqu’à 10 000 conversations simultanées, une limite physique l’empêche évidemment de se présenter en personne dans l’isoloir.

Face à cette contrainte, Endacott envisage d’endosser ce rôle par intérim, s’engageant à suivre scrupuleusement les décisions politiques issues de son chatbot, quand bien même celles-ci divergeraient de ses propres convictions personnelles. Une approche qui, bien que séduisante sur le papier, ne manque pas de soulever des interrogations légitimes sur les plans de la fiabilité et de l’éthique. En effet, le risque que l’IA ne produise de fausses informations ou ne reproduise des biais nuisibles ; deux écueils récurrents avec les modèles génératifs actuels ; plane en filigrane.

Progrès démocratique ou simple tour de passe-passe ? Si certaines voix s’élèvent pour vanter le potentiel de l’intelligence artificielle à revigorer les arcanes de la démocratie, d’autres ne manquent pas d’émettre de sérieuses réserves quant aux risques inhérents à une telle innovation. Il est vrai que, conceptuellement, une IA pourrait se révéler précieuse pour analyser et synthétiser rapidement d’importants volumes de documentation gouvernementale et de politiques publiques, offrant ainsi des prescriptions plus rationnelles aux décideurs. Cependant, force est de constater que les modèles actuels, tels que ChatGPT ou Google Gemini, souffrent encore de travers dommageables comme ceux cités précédemment.

Dès lors, une interrogation légitime émerge : les électeurs seront-ils réellement rassurés par la perspective d’un candidat artificiel ? Certains incidents récents, comme celui du chatbot du maire de New York Eric Adams conseillant aux commerçants de violer les réglementations locales, illustrent à quel point la confiance envers ces systèmes demeure fragile.

D’ailleurs, une enquête récente menée conjointement par l’Université de Chicago et l’Associated Press révèle que 58 % des adultes américains craignent que l’IA ne contribue à la désinformation avant les élections présidentielles de 2024. Une autre étude du Pew Research souligne que la majorité des Américains se disent davantage préoccupés qu’enthousiastes par l’utilisation croissante de l’IA dans leur vie quotidienne.

Aussi prometteuse puisse-t-elle paraître, le projet Steve ne franchit-elle pas les limites de la raison et de l’éthique ? Un excès d’audace qui pourrait bien s’apparenter à une forme insidieuse de technochauvinisme, occultant les risques inhérents à une technologie dont le contrôle nous échappe encore largement. De surcroît, les failles et dérives récurrentes des modèles actuels ne peuvent être éludées au prétexte d’une éventuelle revitalisation de la démocratie.

Steve est un candidat IA créé par la société Neural Voice dirigée par Steve Endacott. Il se présente pour un siège au Parlement britannique. C’est un chatbot capable de répondre aux questions des concitoyens pour produire ensuite des politiques publiques. 📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

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