~~NOTOC~~ @DATE@ ---- ====== Le Monde – Quand l’Allemagne tourne le dos au « made in Germany ====== [Le Monde – Quand l’Allemagne tourne le dos au « made in Germany »](https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/05/10/quand-l-allemagne-tourne-le-dos-au-made-in-germany_6232428_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default ) Vous pouvez partager un article en cliquant sur l’icône de partage en bas à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ». https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/05/10/quand-l-allemagne-tourne-le-dos-au-made-in-germany_6232428_3234.html ÉCONOMIE Quand l’Allemagne tourne le dos au « made in Germany » La perte de compétitivité de l’industrie allemande pèse sur les décisions d’investissement des entreprises, qui plébiscitent de plus en plus des sites de production proches, comme la Pologne. Par Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Par Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Par Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Aujourd’hui à 05h30, modifié à 12h45 Lecture 4 min Article réservé aux abonnés Offrir AUREL Dans le débat public allemand, l’épisode est régulièrement présenté comme l’un des symboles éclatants de la perte de compétitivité de l’Allemagne. Le fabricant d’articles électroménager de luxe Miele, affecté par la baisse des commandes et par l’augmentation de ses coûts, a annoncé, en février, son intention de délocaliser une grande part de sa production en Pologne. L’entreprise, emblématique du « made in Germany » pour les équipements ménagers, tourne le dos à une fabrication en Allemagne de ses célèbres machines à laver domestiques. Deux mille sept cents emplois sont concernés, notamment à Gütersloh, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, siège du groupe familial fondé il y a cent vingt-cinq ans. Lire aussi « En Allemagne, le débat sur la politique industrielle est relancé » Miele est venu s’ajouter à la liste des entreprises allemandes qui délocalisent leur production ou préfèrent investir à l’étranger plutôt qu’en Allemagne, dans un contexte de baisse générale des investissements. Derrière les annonces récentes très visibles des grands noms de l’industrie (Bosch, ZF, Continental), qui suppriment des milliers d’emplois en Allemagne, de nombreuses PME se sentent menacées. Selon un sondage du syndicat IG Metall, mené auprès de 2 500 conseils de salariés et publié fin mars, 50 % des entreprises investissent trop peu dans leurs sites outre-Rhin. « Au lieu de s’attaquer activement aux défis actuels, les entreprises remettent de plus en plus en question les sites et l’emploi », souligne le syndicat. Une étude de mars de la Chambre allemande de commerce et d’industrie, datant de mars, relève que 35 % des entreprises qui investissent à l’étranger le font pour des raisons de coûts, et non plus pour conquérir de nouveaux marchés. Les deux grands secteurs les plus concernés sont les industries très consommatrices d’énergie ainsi que l’automobile, soulignait, en avril, l’institut IFO. « A côté des prix de l’énergie, il y a l’immense bouleversement auquel l’automobile doit faire face, vers l’électrique et le numérique. Cela signifie que beaucoup d’entreprises tentent de réduire leurs coûts en restructurant leur production », confirme Oliver Falck, de l’IFO. Ce manque d’investissement a des conséquences dramatiques sur la modernisation du pays. Selon les chiffres de la banque KfW, les dépenses des entreprises en Allemagne, qui représentent 55 % des efforts d’investissement du pays, stagnent, depuis une décennie, à un niveau très inférieur aux années 1990. Ils sont nettement insuffisants pour renouveler l’appareil productif du pays, dans un contexte de transition numérique et écologique. Les groupes étrangers ne peuvent pas renverser la tendance : selon le baromètre du cabinet EY, paru début mai, les investissements des entreprises étrangères en Allemagne, qui ont chuté de 35 % en sept ans, sont au plus bas depuis dix ans. « Deux années perdues » Dans le débat public, la baisse d’attractivité du pays est passée au premier plan des inquiétudes des milieux économiques. « Dans la chute des investissements en Allemagne, il y a bien sûr des éléments cycliques, liés à la conjoncture et aux taux d’intérêt élevés, souligne Gabriel Felbermayr, président de l’institut économique Wifo, à Vienne. Mais il y a aussi un élément structurel, qui a trait à la crédibilité avec laquelle l’Allemagne s’attaque aux grandes questions d’avenir : le vieillissement de sa population, le manque de travailleurs, l’approvisionnement énergétique, le renouvellement des infrastructures, les charges liées à la bureaucratie. Cela crée des incertitudes, qui sont un poison pour l’investissement. » Peu étonnant, dans ces conditions, que les relations entre le chancelier, Olaf Scholz, et les milieux d’affaires soient de plus en plus tendues : au BDI, la grande fédération de l’industrie, on parle de « deux années perdues pour l’Allemagne ». Lire aussi L’économie de l’Allemagne reste « comme paralysée » malgré la baisse des prix de l’énergie Les profits du « made in Germany » partent donc à l’étranger, là où ils estiment qu’ils seront le plus productifs. A côté des Etats-Unis, de la Chine, de la France et du Royaume-Uni, certains pays d’Europe de l’Est en profitent de plus en plus. C’est particulièrement le cas de la Pologne. Depuis 2020, les investissements directs annuels de l’Allemagne vers son voisin de l’Est ont triplé, pour atteindre 41 milliards d’euros en valeur, ce qui en fait le premier investisseur étranger en Pologne. Le Monde Jeux Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés. Jouer « La première impulsion a été la pandémie du Covid-19, qui a mis en évidence combien les chaînes de sous-traitance étendues pouvaient être fragiles. Puis il y a eu l’évolution des tensions géopolitiques depuis la guerre en Ukraine. Beaucoup d’entreprises allemandes essayent de réduire leurs risques, elles préfèrent investir près de chez elles », explique Sebastian Plociennik, professeur d’économie à l’université de la Vistule, à Varsovie, et expert des relations germano-polonaises. Or la Pologne est attractive. Depuis vingt ans, la croissance du pays a été supérieure à la moyenne des pays européens (+ 4,9 % en 2022). Si l’activité a marqué le pas en 2023, le produit intérieur brut devrait progresser autour de 2,3 % en 2024, soutenu par les fonds du plan de relance européen NextGenEU qui ont été débloqués. « Cela va créer une dynamique forte, d’autant que les atouts de la Pologne sautent désormais aux yeux. La main-d’œuvre reste trois fois moins chère qu’en Allemagne, la plupart des Ukrainiens réfugiés ici travaillent. Et beaucoup d’investisseurs considèrent que les procédures administratives y sont moins complexes et moins longues qu’en Allemagne », poursuit M. Plociennik. La Pologne est mieux classée que l’Allemagne Le bon niveau d’éducation, notamment dans les matières scientifiques, permet de former des ingénieurs et des programmeurs. Dans le dernier classement PISA, la Pologne est mieux classée que l’Allemagne et surpasse la moyenne de l’OCDE. « Pendant longtemps, les entreprises allemandes ont vu la Pologne surtout comme un pays à bas coût, aujourd’hui cette image est en train de changer. Les investisseurs se rendent compte que les Polonais sont capables de développer des produits à plus haute valeur ajoutée », souligne Konrad Poplawski, chercheur au Centre d’études orientales de Varsovie (OSW). Pour Gabriel Felbermayr, la tendance des entreprises à préférer les sites de production plus proches, appelée en anglais « near-shoring », devrait contribuer à renforcer l’intégration du marché unique européen. « Dans les quinze ans à venir, d’où viendra notre croissance ? Certainement moins de Chine et probablement moins des Etats-Unis. Les Européens vont devoir s’occuper davantage de leur propre croissance. Le meilleur moyen d’y arriver est de réformer massivement le marché unique, d’investir dans les infrastructures transfrontalières et d’harmoniser les réglementations là où elles ne le sont pas encore. » Lire aussi : En Allemagne, les incertitudes politiques pèsent sur la reprise Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE La nouvelle publicité d’Apple, « la dernière interprétation de la destruction créatrice par l’entreprise la plus célèbre de la Silicon Valley » Aujourd’hui à 10h48 « Quatre mois plus tard, le coup politique de la nomination de Gabriel Attal semble avoir fait long feu » Aujourd’hui à 11h18 Le calvaire des élèves officières à Saint-Cyr Aujourd’hui à 09h03 Fusillade dans le commissariat du 13ᵉ arrondissement à Paris : la vie d’un des policiers est toujours en danger Aujourd’hui à 10h46 Eurovision 2024 : en Belgique, la demi-finale interrompue à la télévision pour protester contre la participation israélienne Aujourd’hui à 09h07 Au procès de Donald Trump, Stormy Daniels stoïque dans la tempête du contre-interrogatoire Aujourd’hui à 05h45 CONTRIBUTIONS Bienvenue dans l’espace des contributions Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. 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