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Le Monde – A deux semaines des élections européennes, un débat crucial entre Gabriel Attal et Jordan Bardella
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POLITIQUE
A deux semaines des élections européennes, un débat crucial entre Gabriel Attal et Jordan Bardella
Le premier ministre doit affronter la tête de liste du Rassemblement national, jeudi soir, lors d’un débat télévisé très attendu par le camp présidentiel pour inciter les électeurs à voter en faveur de leur liste.
Par Claire Gatinois
Par Claire Gatinois
Par Claire Gatinois
Aujourd’hui à 06h00, modifié à 08h09
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« Vous êtes prêt ? » Depuis le TGV qui le ramène à Paris, ce jeudi 9 mai, après un déplacement de campagne dans le Morbihan, consacré aux élections européennes, qui ont lieu pile un mois plus tard, Le Monde interroge Gabriel Attal sur le débat qui doit l’opposer au jeune candidat d’extrême droite, Jordan Bardella, jeudi 23 mai, sur France 2. En guise de réponse, le premier ministre rit. Nervosité ou abus de confiance ?
Accusé par ses détracteurs de mener campagne à reculons, le chef du gouvernement a longtemps refusé cet affrontement télévisé avec la tête de liste du Rassemblement national (RN) pour le scrutin du 9 juin, préférant, disait-il, débattre avec Marine Le Pen, peu réputée pour son art de la joute oratoire. La cheffe de file des députés RN à l’Assemblée nationale, candidate présumée à la présidentielle de 2027, était plus appropriée pour se confronter au chef de la majorité, jugeait-on, Rue de Varenne.
Gabriel Attal, 35 ans, dont la communication est un des points forts, a dû se faire une raison. « On se contentera de Bardella », répète-t-il. Poussé par Emmanuel Macron, le locataire de Matignon doit relever le gant jeté par le jeune lieutenant lepéniste de 28 ans, expert en « punchlines ». La dégringolade sondagière de la candidate du camp présidentiel, Valérie Hayer, qui préside actuellement le groupe Renew au Parlement européen, distancée par la tête de liste du RN et suivie de près par Raphaël Glucksmann, porte-voix de la gauche modérée, a achevé de convaincre l’Elysée d’envoyer Gabriel Attal en première ligne.
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Erigé en pompier d’une campagne que nombre de militants macronistes jugent perdue d’avance, le chef du gouvernement doit jeter toutes ses forces dans la bataille pendant que le chef de l’Etat se consacre au dossier incandescent de la Nouvelle-Calédonie, pourtant historiquement dévolu au premier ministre. « Vous avez un débat jeudi contre une tête de liste », a justifié, mardi en conseil des ministres, le président de la République quelques heures avant de s’envoler pour Nouméa, comme le rapporte Politico, le 22 mai. Une façon d’« encourager » Gabriel Attal, assure un proche d’Emmanuel Macron, qui précise que le chef de l’Etat a échangé avec son premier ministre au cours du week-end précédent sur ce rendez-vous jugé crucial.
Angle d’attaque
A en croire les équipes de Matignon, le chef du gouvernement n’a aucune raison d’être intimidé. Jordan Bardella est « court », intellectuellement, entend-on, Rue de Varenne. Comprendre : peu étoffé pour tenir la distance dans les débats sur les sujets de fond. Il est « prenable », dit-on à l’Elysée. « Bardella se déguise en Chirac version 1977. Mais en réalité, c’est Jean Dujardin dans OSS 117 », ricane-t-on dans les couloirs du palais présidentiel.
Le premier ministre assure ne pas mépriser son adversaire. Jordan Bardella est « un bon débatteur qui peut dire n’importe quoi avec beaucoup d’aplomb », admet Gabriel Attal, qui l’a affronté déjà plusieurs fois. Mais la garde rapprochée du locataire de Matignon, après avoir décortiqué le débat qui a opposé, le 2 mai, l’eurodéputé d’extrême droite à Valérie Hayer, pense avoir trouvé l’angle d’attaque. Les équipes du premier ministre ont observé le lepéniste emmener la candidate sur ses terres de prédilection : l’insécurité, l’immigration, en évitant les dossiers européens.
Pour son entourage, Gabriel Attal doit donc réussir là où Valérie Hayer a échoué : recadrer les discussions en débusquant les « mensonges » et les « incohérences » du RN. Il lui faudra aussi anticiper les sujets embarrassants, comme le cliché, pris à l’insu de Valérie Hayer, début mai, montrant la candidate tout sourire aux côtés de militants néonazis. Le premier ministre pourrait aussi devoir commenter la récente alliance du Parti populaire pour la liberté et la démocratie aux Pays-Bas – qui siège au Parlement de Strasbourg avec les eurodéputés macronistes – avec les troupes d’extrême droite de Geert Wilders.
Pour Gabriel Attal, l’objectif est, a priori, simple : défendre la ligne proeuropéenne des macronistes. Mais l’exercice relève de la gageure tant le pays semble éloigné des préoccupations strasbourgeoises. « Parler d’Europe, c’est impossible ! Quand on tend nos tracts, les gens nous parlent des immigrés », se désole François Patriat, chef de file des sénateurs macronistes au Sénat. « Le RN surfe dans cette campagne sur le ressentiment des Français et flatte une fièvre xénophobe, sans jamais parler des dossiers européens », abonde Charles Sitzenstuhl, député (Renaissance) du Bas-Rhin.
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Gabriel Attal n’hésitera pas à « dramatiser » sur les conséquences d’une « vague brune » au Parlement européen, prédisent les équipes de Matignon. En écho au discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron le 25 avril, où le chef de l’Etat alertait au sujet d’une Europe « mortelle », le premier ministre veut démontrer que le programme du RN, et avant lui, celui du Front national – en tête des européennes en 2014 avec le slogan « Non à Bruxelles, oui à la France » – cause la perte des agriculteurs, des travailleurs de la classe moyenne et des retraités. Contre les « bataillons d’apparatchiks d’extrême droite », la liste du camp présidentiel est « la seule véritablement proeuropéenne », martèle-t-on à Matignon.
Réveiller un électorat assoupi
Peu importe que cette mise en scène, visant aussi à éclipser le troisième homme de la campagne, Raphaël Glucksmann, valorise Jordan Bardella, qui se voit déjà premier ministre en cas de victoire de Marine le Pen à la présidentielle de 2027.
Alors que le candidat du RN est crédité de 32 % des intentions de vote (d’après le sondage Ipsos pour Le Monde, publié le 29 avril), Gilles Finchelstein, président de la fondation Jean Jaures, voit dans ce débat « un beau risque à prendre » pour Gabriel Attal.
Un risque ? Rares sont ceux, y compris au sein de l’équipe de campagne, à penser que l’émission pourrait changer la donne du scrutin. L’entourage de Gabriel Attal reconnaît qu’il n’est pas question de convaincre, en un soir, les électeurs du RN de virer de bord. Une telle prouesse semble désormais impossible, dit-on à Matignon. Les plus ambitieux rêvent, au mieux, d’un événement entre deux bêtes médiatiques à même de réveiller un électorat assoupi.
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Certes, un échec, cuisant ou relatif, le 9 juin, pèsera sur les épaules du premier ministre. Mais ce dernier part avec la quasi-assurance que le score du camp présidentiel ne lui coûtera pas son poste. « C’est l’élection de députés européens, la conclusion sera d’abord européenne », a signifié Emmanuel Macron dans son entretien à La Tribune dimanche, le 5 mai. Fin avril, devant des patrons de think tank, il avait déjà comparé le scrutin à « des mid-terms sans conséquences ». Au lendemain des élections européennes, le scénario privilégié, c’est « statu quo », confirme un proche du chef de l’Etat.
Dans ce débat, le premier ministre joue surtout son destin personnel. « L’enjeu majeur pour lui, c’est la construction de son image », estime l’ancien locataire de Matignon Jean-Pierre Raffarin. En 1985, Laurent Fabius, alors plus jeune premier ministre de la Ve République, était sorti abîmé de son face-à-face avec Jacques Chirac après lui avoir lancé, outré d’avoir été comparé à un roquet : « Je vous en prie, vous parlez au premier ministre de la France ! »
Gabriel Attal n’a, aux dires de ses équipes, pas visionné ce passage marquant de la vie politique française. Le premier ministre, qui navigue de crise en crise, n’aurait guère eu le temps, à ce stade, de se préparer, disent ses équipes. Mais il est à parier que le chef du gouvernement, très attentif aux sondages d’opinion et « control freak », aux dires de ses collaborateurs, trouvera du temps dans un agenda surchargé pour fourbir ses armes avant ce débat stratégique.
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