~~NOTOC~~ @DATE@ ---- ====== Le Monde – Au Parlement européen, l’alignement du Rassemblement national sur les intérêts de l’industrie ====== [Le Monde – Au Parlement européen, l’alignement du Rassemblement national sur les intérêts de l’industrie](https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/05/06/au-parlement-europeen-l-alignement-du-rassemblement-national-sur-les-interets-de-l-industrie_6231956_823448.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default ) Vous pouvez partager un article en cliquant sur l’icône de partage en bas à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. 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UNION EUROPEENNE / UNION EUROPEENNE La « normalisation » du Rassemblement national (RN) passe aussi par là : au Parlement européen, le parti d’extrême droite s’est, depuis 2019, aligné sur la plupart des positions portées par les lobbys industriels. Le RN a notamment rejoint l’ensemble des droites dans son opposition à toute mesure permettant de protéger l’environnement et la santé des consommateurs. Les groupes de pression des grandes industries – plastique, pêche industrielle, agriculture intensive, énergéticiens, restauration rapide, Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft)… – ont été particulièrement actifs à Bruxelles ces cinq dernières années et, bien souvent, ===== ont pu compter sur les voix et les amendements de la formation lepéniste. ===== C’est le constat qu’a fait le cabinet de conseil Ecolobby, qui défend les intérêts d’associations ou d’entreprises œuvrant dans le secteur de l’environnement. Il raconte en dix histoires cet alignement de l’extrême droite française sur les intérêts économiques, sur un site Internet mis en ligne mardi 7 mai : Jevotelobby.fr. Ces votes confirment un constat fait par les acteurs du Parlement européen depuis le début de la mandature : l’ébauche d’une relation entre les lobbyistes et certains élus du RN, comme cela se fait, de manière plus franche, en France, à l’Assemblée nationale. Lire aussi Elections européennes : Bardella reste largement en tête, Glucksmann se rapproche du camp Macron Cette acculturation est aussi le fruit de la cohabitation avec les élus italiens de la formation de Matteo Salvini (la Ligue), qui dirigent le groupe du RN au Parlement européen (Identité et démocratie, ID) et entretiennent des liens historiques avec le patronat italien et les intérêts économiques à Bruxelles. Le parti de Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national aux européennes de juin, s’éloigne-t-il des fondamentaux « antisystème » sur lesquels il a prospéré ? « L’extrême droite m’étonne par sa contradiction entre son discours de défense des petits et ses votes, dit le socialiste luxembourgeois Marc Angel, vice-président du Parlement européen. Lorsqu’on propose de renforcer les droits des salariés, des consommateurs, de la planète, ils se rangent toujours du côté du “big business”, avec les lobbyistes. » Premiers liens avec les syndicats agricoles dominants « Les députés RN sont à l’écoute de toutes les parties prenantes et tout particulièrement des secteurs français concernés », répond par écrit Jean-Paul Garraud, président de la délégation RN au Parlement européen. Lequel fait valoir que, contrairement à d’autres groupes, le sien ne reçoit « pas un centime des multinationales ». Newsletter « Politique » Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique S’inscrire Si l’on en croit les déclarations de rencontres avec des groupes d’intérêts – celles-ci ne sont obligatoires que depuis novembre 2023 –, cet alignement est moins le fruit d’une influence que d’une stratégie politique. Le texte ayant fait l’objet de la plus forte mobilisation sur le mandat écoulé porte sur les déchets d’emballage, jusqu’en novembre 2023. Lire aussi : Comment le RN fait la cour aux lobbys du bâtiment, du tabac ou de la santé Ce règlement, l’un des textes majeurs du Pacte vert européen, fixe des objectifs de réduction en la matière et une interdiction de certains plastiques à usage unique. Inspiré de lois françaises, il a toutefois été largement affaibli, après le lobbying de plusieurs secteurs. Celui des géants de la restauration rapide et de l’emballage papier, pour empêcher l’interdiction des conditionnements à usage unique dans les McDonald’s et autres. Et le lobby des plasturgistes, contre la fin de l’emballage plastique des fruits et légumes. Dans les deux cas, l’industrie l’a emporté avec les voix du RN – et, pour celui de la restauration rapide, avec celles des élus du parti Les Républicains. Les propositions permettaient pourtant d’harmoniser une norme antipollution qui est déjà appliquée dans l’Hexagone, soit de corriger ce que le RN déplore par ailleurs : un excès de réglementation en France par rapport à ses voisins européens. Nommée « rapporteuse pour avis » de la commission du marché intérieur sur ce texte, la députée d’extrême droite Virginie Joron avait fait l’objet d’un lobbying assidu, au printemps 2023, des industries citées et d’entreprises comme Nestlé ou Amazon. Son avis rendu trois mois plus tard reprenait l’essentiel des éléments de langage du secteur des emballages, plaidant pour un assouplissement. S’il indique que son groupe « peut partager l’ambition » de ce texte, Jean-Paul Garraud le présente comme « une énorme usine à gaz qui déstabilisera de nombreux secteurs économiques ». Selon lui, l’existence d’une loi similaire en France rendait superfétatoire « une couche réglementaire supplémentaire de Bruxelles ». Lire aussi Pollution plastique : l’Union européenne se fixe des objectifs pour endiguer l’explosion des emballages La législation environnementale a été l’occasion pour le RN de nouer de premiers liens avec les syndicats agricoles dominants – et de semer les graines de sa tentative de récupération de la crise agricole, en France, en janvier. Le COPA-Cogeca, lobby très puissant de l’écosystème bruxellois, compte pour membre éminent la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Sa défense de l’agriculture intensive a été mise à l’épreuve durant la renégociation de la politique agricole commune, par le texte « restauration de la nature » ou par le règlement sur les pesticides. Mais à chaque fois, il a trouvé le RN à ses côtés, notamment par l’entremise de l’eurodéputé Gilles Lebreton, qui représentait son groupe au sein de la commission agriculture du Parlement européen et a fait cause commune avec la droite. Contradictions « Nous sommes évidemment à l’écoute des syndicats agricoles qui sont les plus au fait des contraintes imposées par Bruxelles », écrit M. Garraud. A tel point que M. Lebreton a déposé un amendement pour supprimer l’inscription de la protection de l’environnement parmi les « principales priorités pour l’avenir de l’agriculture de l’Union européenne ». Cet amendement supprimait aussi la mention d’un développement des zones rurales, en s’appuyant sur « l’énergie renouvelable, la bioéconomie émergente, l’économie circulaire et l’écotourisme ». Il a été rejeté en commission, malgré le soutien d’une partie des conservateurs. Lire aussi Le lobby agricole lutte contre un verdissement de la PAC Aux premières loges du rapprochement avec l’agro-industrie, le député européen (ex-RN) Hervé Juvin y voit « la volonté de se normaliser et d’être en phase avec tout ce qui est majoritaire dans le pays, et un alignement sur les intérêts économiques dominants ». Ce raisonnement a conduit le RN à reprendre les arguments du lobby COPA-Cogeca contre la directive sur les émissions industrielles. Sa révision étendait des normes antipollution à davantage d’élevages industriels de porcs et de volailles, et devait inclure les fermes-usines de bovins. En juillet 2023 puis en mars 2024, les députés RN ont tenté, par amendement, de maintenir le statu quo. Un compromis sur la taille des élevages concernés a finalement été trouvé au sein de la majorité du Parlement, qui a aussi épargné les fermes-usines de bovins. Un modèle que Marine Le Pen a pourtant toujours dit rejeter, loin de l’élevage familial que le RN prétend défendre – les 1 % des plus grosses exploitations européennes étaient ici concernées. « Nous sommes particulièrement fiers d’avoir permis d’exclure l’élevage bovin de cette réforme », affirme M. Garraud. Un autre vote entre en contradiction avec le programme défendu par le RN. Huit mois après l’invasion de l’Ukraine, les géants de l’énergie se sont mobilisés massivement lorsque le Parlement européen a soumis l’hypothèse d’une « taxe sur les bénéfices exceptionnels à l’encontre des compagnies d’énergie », en 2022 ou 2023. Contrairement à une partie de son groupe, favorable, le RN s’est abstenu sur cette mesure qui figure pourtant à son programme en France. Il a par ailleurs voté contre deux propositions portées par la gauche radicale : l’une voulait appliquer cette taxe sur les deux années, l’autre élargissait cette contribution aux bénéfices exceptionnels réalisés dans d’autres secteurs. Un discours aussi porté par Jordan Bardella. Ce qui n’a pas empêché sa formation, ensuite, de s’opposer à la même idée. Lire aussi la chronique « Avec un score attendu de 32 % aux européennes, le Rassemblement national devrait affoler le patronat » La résolution, oppose Jean-Paul Garraud, ne remettait pas « en cause le système de fixation des prix de l’électricité qui est pourtant le point-clé ». Quant aux amendements de la gauche, « nous défendons cette mesure au niveau national et refusons que la fiscalité, qui est une compétence souveraine et requiert l’unanimité au Conseil [européen], soit transférée à la Commission », explique-t-il. Lire aussi « Au Parlement européen, les moyens des lobbys industriels sont colossaux » Clément Guillou NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE Entrée à 75 000 dollars et robes excentriques : comment le gala du Met est devenu le rendez-vous de la démesure Aujourd’hui à 11h56 Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, ne sera pas reconduit, annonce le gouvernement Aujourd’hui à 11h52 Soupçons d’espionnage : perquisition des bureaux d’un eurodéputé de l’AfD à Bruxelles Aujourd’hui à 13h12 L’éditeur et homme de télévision Léo Scheer est mort Aujourd’hui à 12h09 En direct, guerre en Ukraine : Vladimir Poutine juge « possible » une discussion avec les Occidentaux « sur les questions de sécurité et de stabilité stratégique » Aujourd’hui à 11h16 Suspension de Guillaume Meurice : les syndicats de Radio France appellent à la grève dimanche Aujourd’hui à 11h27 CONTRIBUTIONS Bienvenue dans l’espace des contributions Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. 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