~~NOTOC~~ @DATE@ ---- ====== Le Monde – Comment TotalEnergies et la diplomatie française travaillent main dans la main ====== Le Monde – Comment TotalEnergies et la diplomatie française travaillent main dans la main Vous pouvez partager un article en cliquant sur l’icône de partage en bas à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ». lemonde LUDOVIC MARIN / VIA REUTERS Comment TotalEnergies et la diplomatie française travaillent main dans la main Par Nabil Wakim, Perrine Mouterde et Ynès Khoudi Par Nabil Wakim, Perrine Mouterde et Ynès Khoudi Par Nabil Wakim, Perrine Mouterde et Ynès Khoudi Aujourd’hui à 05h45, modifié à 07h42 Article réservé aux abonnés Offrir ENQUÊTE « TotalEnergies, un centenaire chahuté » (2/4). Le groupe pétrolier français embauche des diplomates aguerris dans sa direction du lobbying. Une pratique qui met en lumière les contradictions du Quai d’Orsay, notamment sur la question climatique. Lecture 11 min Aéroport de Sabetta, dans le Grand Nord russe, en décembre 2017. Température : –30 degrés Celsius. Le site n’accueille que des voyageurs très particuliers : ceux qui se rendent sur l’un des sites gaziers les plus spectaculaires au monde, Yamal LNG, propriété de l’entreprise française Total et de son partenaire russe Novatek. Sur le tarmac balayé par un vent glacial, le patron de Novatek, Leonid Mikhelson, accueille chaleureusement Patrick Pouyanné, le PDG de Total – qui ne s’appelle pas encore TotalEnergies. Parmi les passagers du jet privé de la compagnie, aux côtés des dirigeants du géant pétrogazier, se trouve un voyageur pas comme les autres : Jean-Pierre Chevènement. L’ancien ministre est alors représentant de la France pour la Russie, au nom de la diplomatie économique. Après le discours d’inauguration de Vladimir Poutine, il se dirige vers l’estrade, et met face à face le président de Total et le président russe, qui échangent quelques mots. A quelques mètres, l’ambassadrice de France à Moscou applaudit à tout rompre le lancement d’un projet sous sanctions américaines et financé essentiellement par des banques chinoises. La scène illustre les ambiguïtés de la diplomatie économique de la France quand il s’agit de soutenir TotalEnergies dans sa conquête de marchés à l’étranger. Le plus haut sommet de l’Etat et l’une des plus grosses entreprises françaises entretiennent, de longue date, une relation étroite. Au prix de contradictions de plus en plus visibles, alors que la France s’affiche comme une championne de la lutte contre le dérèglement climatique. Du « compagnonnage » Le Monde a pu interroger plus de quarante diplomates, anciens ministres et dirigeants de l’entreprise pour comprendre à quel point ce « compagnonnage », selon le terme employé par des ambassadeurs, joue sur les choix stratégiques de l’exécutif – tous ont demandé l’anonymat pour respecter leur devoir de réserve. TotalEnergies n’est pas une entreprise comme les autres : présente dans plus de 120 pays, elle déploie un réseau d’influence parfois équivalent à celui du Quai d’Orsay. Et pour ce faire, elle sait recruter les meilleurs experts. Une large part de la direction des affaires internationales de Total est menée… par des diplomates ou d’anciens diplomates. Parmi les 300 dirigeants du groupe figurent une trentaine d’ex-hauts fonctionnaires ayant exercé des fonctions de premier plan, estime l’entreprise elle-même. Au cours des dix dernières années, plus de cinquante anciens hauts responsables dans les services de l’Etat ont occupé des postes de dirigeants chez TotalEnergies, a recensé Aria, une ONG spécialisée dans les enquêtes sur l’énergie et l’environnement. Certains font même des allers-retours entre la haute fonction publique et l’entreprise. Un système de « portes tournantes », selon les ONG, qui entretient un climat de conflits d’intérêts. Chez TotalEnergies comme au Quai d’Orsay, on explique, au contraire, que ces échanges sont bénéfiques et utiles pour les deux parties. Aujourd’hui, deux diplomates en fonction sont « en mobilité » dans l’entreprise, précise le ministère. « Il serait regrettable que ces passerelles n’existent pas. A partir du moment où le code de déontologie est respecté, je ne vois pas de risques », a détaillé l’ancien ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian devant la commission d’enquête du Sénat sur les obligations de TotalEnergies, qui a débuté en janvier. Lire aussi Au Sénat, le PDG de TotalEnergies justifie ses investissements dans le pétrole et le gaz Lui-même en sait quelque chose : son ex-conseiller spécial au ministère de la défense, Jean-Claude Mallet, serviteur de l’Etat pendant plus de trente ans, est devenu, en 2018, directeur des affaires publiques de TotalEnergies. Autrement dit : responsable du lobbying auprès des pouvoirs publics. « La raison d’être [de TotalEnergies] est d’apporter au plus grand nombre dans le monde une énergie sûre, suffisante, abordable et de plus en plus propre, a expliqué devant le Sénat M. Mallet, pour justifier son passage dans le privé. Elle participe à la transition juste. Cela me semble très clairement relever de l’intérêt général, que j’ai toujours servi. » Du personnel à disposition Plusieurs diplomates interrogés soulignent que la multiplication de ces détachements témoigne à la fois de la volonté du Quai d’Orsay d’une meilleure connaissance des sujets économiques, mais aussi d’une nécessité, au vu du nombre de diplomates sans attribution. Quel est le rôle du personnel mis à disposition ? Conseiller le PDG de TotalEnergies dans ses déplacements internationaux, l’éclairer sur les choix de la diplomatie française et servir d’interface avec les pouvoirs publics. « Il ne faut pas nous prêter trop de pouvoir, la France n’est pas une république bananière et ce n’est pas parce qu’on fait un mail au Quai ou à un conseiller qu’on va forcément nous écouter », relativise un ex-diplomate détaché. Le Monde Jeux Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés. Jouer Un constat qui n’est pas partagé par certains ambassadeurs ou anciens ambassadeurs qui s’inquiètent que ce travail main dans la main pèse dans la durée. « Maintenant, les gens restent plusieurs années chez Total, ils ont le même réseau qu’avant et ils l’utilisent », note un diplomate haut placé, qui a aperçu à plusieurs reprises certains de ces collègues détachés chez TotalEnergies à la conférence des ambassadeurs, la grande réunion annuelle des diplomates français sous l’égide du président de la République. Le Monde a aussi pu constater l’usage de passeports diplomatiques par des diplomates détachés chez TotalEnergies – le Quai d’Orsay précise au Monde qu’ils doivent « normalement » rendre leurs passeports. Leur rôle est toutefois relativisé par l’investissement direct de Patrick Pouyanné, qui mène parfois la vie dure à ses propres « diplomates ». Le tonitruant patron ne cache pas sa capacité à communiquer directement avec les chefs d’Etat ou les ministres de l’énergie, qu’il s’agisse d’Emmanuel Macron ou du ministre saoudien du pétrole. « Pouyanné est plus puissant que beaucoup de ministres et, dans beaucoup de pays, il est considéré comme un représentant de la France plus stable et plus connu », souligne un ancien ministre, qui lui-même eut maille à partir avec le PDG. Des profils choisis Les personnes détachées chez TotalEnergies sont choisies en fonction de leur expérience, mais aussi des zones qu’elles ont couvertes auparavant. Un exemple parmi d’autres : Arnaud Suquet, fin connaisseur de l’Afrique de l’Est et des pays du Golfe, a exercé deux ans à la direction des affaires publiques internationales, entre 2017 et 2019, où il a notamment accompagné Patrick Pouyanné en Arabie saoudite et géré l’épineux dossier d’un site gazier au Yémen. M. Suquet revient au ministère des affaires étrangères comme conseiller au cabinet de Jean-Yves Le Drian jusqu’en 2022, date à laquelle il devient ambassadeur de France au Kenya, pays voisin de l’Ouganda – un pays dans lequel TotalEnergies développe un important projet pétrolier. S’il se défend désormais de toute promotion des intérêts de la compagnie pétrolière dans la région, il maintient des liens avec Total, comme en témoignent des photos visibles sur les réseaux sociaux d’une visite dans une réserve naturelle aux côtés d’un dirigeant de Total en Afrique, en décembre 2023. Lire aussi TotalEnergies : des actionnaires veulent la séparation des pouvoirs Mais les parcours peuvent aussi fonctionner dans l’autre sens, à l’image d’Hélène Dantoine, directrice de la diplomatie économique du Quai d’Orsay. Après avoir occupé plusieurs postes opérationnels au sein de la compagnie, elle est retournée dans la haute administration. Interrogée au Sénat, elle a expliqué avoir respecté la réglementation en se déportant des sujets liés à TotalEnergies pendant trois ans – ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Et s’est défendue d’avoir favorisé d’une quelconque manière les intérêts de la major pétrolière. Arnaud Breuillac, président de Totalenergies pour l’exploration et la production au Moyen-Orient, à gauche, Hélène Dantoine et Hervé Chagnoux, hauts responsables de Totalenergies, après avoir signé un accord avec le gouvernement chypriote autorisant la société française à forer du pétrole et du gaz au large de Chypre, à Nicosie, le mercredi 6 février 2013. PHILIPPOS CHRISTOU / AP Parmi les autres exemples, Ahlem Gharbi a œuvré aux relations internationales de TotalEnergies entre 2015 et 2017 après une carrière de huit ans dans la diplomatie française. Nouveau job en 2017 : elle devient conseillère Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Emmanuel Macron à l’Elysée. On pourrait aussi citer Romaric Roignan, qui a travaillé chez Total avant de revenir dans le corps diplomatique pour devenir conseiller du premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault, en 2012 – il est depuis retourné chez TotalEnergies pour s’occuper notamment de la stratégie climat. « Insuffisances » de transparence Malgré un encadrement de ces allers-retours par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), cette pratique suscite la suspicion, y compris au sein de la haute fonction publique. C’est ce qu’a souligné Didier Migaud, le président de la HATVP, lors de son audition au Sénat. Il a insisté sur les « insuffisances » de l’encadrement de ces conversions et des activités de lobbying, en soulignant que l’autorité manquait notamment de moyens pour contrôler que ses recommandations étaient bien appliquées. « Qu’une grande entreprise exerce une stratégie d’influence, cela paraît normal, a-t-il rappelé. La question est de savoir si cela se fait dans une transparence suffisante, et si c’est suffisamment régulé. J’ai tendance à répondre non à ces deux questions. » Si certains de ces détachements font l’objet d’une publication au Journal officiel, d’autres ne sont pas rendus publics. « L’encadrement a été renforcé mais la HATVP n’est pas toujours appelée à donner un avis et il y a beaucoup de manières de contourner un déport, juge Juliette Renaud, coordinatrice de l’ONG Les Amis de la Terre. Il faudrait que ces mesures portent sur des périodes plus longues, que les règles soient plus strictes et qu’elles concernent plus de personnes. Et certaines mobilités ne devraient tout simplement pas être possibles. » Face aux critiques, Jean-Yves Le Drian s’est montré très clair devant le Sénat : la diplomatie est bien là pour développer les exportations françaises. Cela « consiste à mettre nos réseaux, nos leviers d’action et notre capacité d’influence au service des entreprises et de nos intérêts économiques », a-t-il expliqué. De fait, les exemples de soutien de la France à des projets de Total sont nombreux. En 2010, un consulat français ouvre à Calgary (Alberta), dans l’ouest du Canada, pour appuyer les investissements importants de l’entreprise dans des activités d’extraction de sables bitumineux, l’un des pétroles les plus polluants au monde. Fermé trois ans plus tard, il sera surnommé « l’ambassade Total » par les ONG. En 2015, Jean-Yves Le Drian plaide auprès de Doha en faveur de TotalEnergies, en concurrence avec d’autres acteurs de l’énergie pour un investissement gazier majeur. « Il était naturel que j’aborde ce sujet avec les plus hautes autorités de l’émirat, a-t-il raconté. Les événements postérieurs m’ont conduit à me réjouir de la décision favorable du Qatar. » A l’occasion d’une visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée, fin juillet 2023, le président de la République, Emmanuel Macron lui-même, apporte son aval au projet contesté de gaz naturel liquéfié de TotalEnergies dans cet Etat insulaire du Pacifique. Engagement incompatible Le soutien de la France à de nouveaux projets fossiles, justifié par l’idée qu’il vaut mieux qu’ils soient opérés par un acteur français que par des entreprises étrangères, contrevient pourtant à l’engagement de Paris en matière de lutte contre le réchauffement. Les scientifiques et les experts du climat expliquent, depuis plusieurs années, que l’ouverture de nouveaux gisements pétroliers et gaziers est incompatible avec l’objectif de limiter le réchauffement de la planète sous la barre des 2 °C. Dans les arènes internationales, comme la COP28, la France est même l’un des pays les plus en pointe pour défendre la sortie des énergies fossiles et le respect de l’accord de Paris sur le climat. « Il est habituel d’emmener les acteurs économiques lors des visites diplomatiques, mais il y a un moment où effectivement cela pose problème lorsque l’on emmène des acteurs pétroliers », a souligné devant le Sénat Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat et l’une des architectes de l’accord de Paris, soulignant un problème de « cohérence ». L’un des exemples les plus flagrants de cette contradiction se situe en Ouganda, autour du développement pétrolier Eacop de TotalEnergies. Contrairement à ce qui se faisait dans le passé, la France n’a pas octroyé de garanties bancaires. Ce qui permet à Emmanuel Macron de répéter que Paris « ne soutient pas et ne finance pas ce projet ». Pourtant, le même président a envoyé, au printemps 2021, au président ougandais une lettre dans laquelle il se félicite de la collaboration économique des deux pays – l’Elysée ignorait que ce courrier serait rendu public. Sur le terrain, les trois ambassadeurs qui se sont succédé ces dernières années en Ouganda ont multiplié les initiatives pour soutenir Eacop. D’autant que, de son côté, le groupe pétrolier participe largement au financement des opérations menées par l’ambassade ou les institutions françaises dans le pays, comme l’Alliance française. « Quand vous êtes ambassadeur dans un pays et que vous recevez un coup de fil de Paris pour vous dire de soutenir un projet pétrolier, vous appliquez les instructions », souligne un diplomate en poste dans un pays producteur de pétrole, qui qualifie la position de la France de « douce hypocrisie ». En Ouganda, l’un des signes de ce « en même temps » est par exemple le soutien financier de la France à une association locale très active contre le projet Eacop. Un policier rwandais (à droite) et un soldat rwandais patrouillent sur le site du projet Total Mozambique LNG à Afungi, dans la province de Cabo Delgado, au Mozambique, le 29 septembre 2022. CAMILLE LAFFONT / AFP Au Mozambique, la diplomatie française semble là aussi s’être alignée sur la « diplomatie Total ». Dans ce pays très pauvre dans lequel Total développe un immense projet gazier, l’offensive meurtrière d’une guérilla islamiste a obligé la compagnie à mettre ses activités en pause, en avril 2021. Pour tenter de rétablir la situation, elle envoie sur place plusieurs représentants, dont le directeur de la sécurité Denis Favier – par ailleurs ancien général et patron de la gendarmerie française –, qui se rend à Maputo une dizaine de fois dans l’année, et échange directement avec plusieurs hauts dirigeants du pays. Lire aussi Pourquoi la justice a ouvert une enquête contre TotalEnergies, après une attaque djihadiste au Mozambique A l’époque, l’entreprise prend conscience que l’armée mozambicaine est incapable de rétablir l’ordre près de son site gazier. Et consulte discrètement – même si elle s’en défend – la diplomatie française pour mettre sur pied une intervention extérieure. « La seule chose que nous ayons vraiment essayé de dire, c’est attention, l’armée mozambicaine ne tient pas la route, pour des raisons historiques, (…) s’est défendu Jean-Claude Mallet au Sénat. Si nous avons peut-être exercé une influence, c’est en disant : il serait bon que l’Union européenne [UE] puisse développer des actions de coopération. Mais c’était un avis. A cet égard, nous ne prenons aucune décision. » Ce conseil sera pris au sérieux : quelques semaines plus tard, le président français, Emmanuel Macron, en déplacement à Kigali, évoque le Mozambique avec son homologue rwandais, Paul Kagame. Et l’Union européenne s’engage, à l’initiative de la France et du Portugal, à soutenir une intervention militaire du Rwanda dans le nord du pays. L’opération est d’ailleurs soutenue par l’UE à hauteur de 20 millions d’euros. Officiellement, c’est le président mozambicain qui a demandé cette intervention. Mais l’activisme de la France dans un pays qui n’était auparavant pas une priorité de Paris n’a échappé à personne. Influence en Russie Début avril, devant les sénateurs, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a assuré que TotalEnergies ne bénéficiait « d’aucun traitement de faveur ». Pour justifier ses propos, il a mis en avant sa décision de mettre un terme aux garanties bancaires aux projets pétroliers et gaziers de TotalEnergies, malgré un lobbying de la filière, mais aussi celle portant sur le label investissement socialement responsable. En 2023, Bercy a en effet décidé d’exclure les entreprises actives dans l’expansion fossile des actifs pouvant être financés par les fonds labellisés – une décision qui a suscité la colère du PDG de TotalEnergies. Ces choix « montrent que nous n’hésitons pas, même si TotalEnergies est une entreprise française, à prendre des décisions qui l’incitent à décarboner davantage son activité », a insisté le ministre. Un signe que l’attitude de l’Etat pourrait être en train d’évoluer ? Aujourd’hui, la question de l’influence de TotalEnergies se pose encore en Russie. Malgré l’invasion de l’Ukraine, le site de Yamal LNG échappe aux sanctions européennes. Et les livraisons de gaz depuis ce site ne cessent d’augmenter, en contradiction avec le reste de la politique énergétique de l’UE. Alors que la plupart des oligarques russes sont désormais sous sanctions européennes, le patron de Novatek, Leonid Mikhelson, n’est pas concerné – il est pourtant sous sanctions américaines, australiennes et britanniques. Plusieurs pays européens ont déjà proposé que le nom de ce milliardaire proche de Vladimir Poutine soit ajouté à la liste des personnalités non grata. Mais s’il était sous sanction, le gaz de Yamal ne pourrait plus rejoindre l’Europe… et les activités de TotalEnergies en Russie seraient de fait impossibles. Chez TotalEnergies, on répète qu’on respecte le cadre des sanctions européennes. « Si [de nouvelles sanctions] sont prises, nous arrêterons les importations de gaz naturel liquéfié [en provenance de Russie] », a expliqué Patrick Pouyanné devant le Sénat. Une position raillée par les ONG : « La compagnie a utilisé son pouvoir politique considérable pour faire du lobbying auprès des gouvernements français et européens, dénonce Mai Rosner, de l’ONG Global Witness, devant le Sénat. Elle ne s’est d’ailleurs pas cachée d’avoir participé à des douzaines de réunions visant à influencer la formulation et la mise en œuvre des sanctions. » En attendant, la France et l’Europe n’ont jamais importé autant de gaz russe par bateau que depuis le début de la guerre en Ukraine. Un gaz vendu très cher, qui provient en quasi-totalité du site de Yamal LNG, toujours propriété de TotalEnergies et de son partenaire Novatek. Prochain article Comment Total tente de soigner son image Nabil Wakim, Perrine Mouterde et Ynès Khoudi NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE Pourquoi le gouvernement veut-il fusionner l’audiovisuel public ? 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