~~NOTOC~~ @DATE@ ---- I====== Le Monde – Donald Trump condamné par la justice pénale, une première retentissante dans l’histoire américaine ====== {{https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/31/donald-trump-condamne-par-la-justice-penale-une-premiere-retentissante-dans-l-histoire-americaine_6236469_3210.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default|Le Monde – Donald Trump condamné par la justice pénale, une première retentissante dans l’histoire américaine}} Vous pouvez partager un article en cliquant sur l’icône de partage en bas à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. 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Par Piotr Smolar (Washington, correspondant) Par Piotr Smolar (Washington, correspondant) Par Piotr Smolar (Washington, correspondant) Aujourd’hui à 05h19, modifié à 06h02 Lecture 6 min Read in English Article réservé aux abonnés Offrir Annonce de la condamnation de Donald Trump sur la chaîne d’information CNN, dans un bar de Washington, le 30 mai 2024. ANDREW HARNIK / AFP Donald Trump ? « Guilty. » Un mot, un seul, à la résonance mondiale. Un mot qui dit à la fois la vitalité d’un Etat de droit, mis à l’épreuve, et le défi inouï qui se dessine pour la démocratie américaine en année électorale. Deux syllabes, prononcées 34 fois pour 34 faits et formant le mot « coupable », retentissant dans la cour criminelle de Manhattan en cette fin de journée, jeudi 30 mai. Donald Trump entre dans l’histoire des Etats-Unis. Il est le premier ancien président condamné dans une affaire pénale, et ce pour falsification de documents comptables. Bien des commentateurs avaient glosé et émis des doutes sur ce dossier aux faits anciens, mêlant sexe, presse à scandale et chèques. Il a pourtant abouti à l’unanimité des jurés, avec une diligence impressionnante, au bout d’environ onze heures de délibérations réparties sur deux jours. L’après-midi avançait, en ce jeudi, sans événements particuliers, lorsque le juge Juan Merchan annonça qu’il allait renvoyer les douze citoyens chez eux à 16 h 30. Le magistrat s’absenta, comme au théâtre, puis revint peu après. Il venait de recevoir une note. « Nous, les jurés, avons un verdict. » Il fallait encore 30 minutes pour remplir soigneusement le formulaire officiel de décision. « Qu’il n’y ait aucune éruption ou exclamation », exigea par avance Juan Merchan. Donald Trump restait mutique, impassible. LA SUITE APRÈS CETTE PUBLICITÉ Mercredi, après avoir reçu les instructions finales du magistrat – remarquable guide de haute montagne lors de ce procès à haut risque –, les sept hommes et cinq femmes à l’identité protégée s’étaient retirés pour délibérer. Au bout de quelques heures, ils avaient demandé des précisions très spécifiques, par écrit. Elles concernaient notamment un moment clé, en 2015, celui où s’est forgée l’alliance d’intérêts entre Donald Trump et David Pecker, le patron du tabloïd The National Inquirer. Le journal devait repérer d’éventuelles révélations embarrassantes pour le candidat, acheter l’exclusivité de ces récits et les étouffer. Ce système, expliqua l’adjoint du procureur, Joshua Steinglass, lors de son réquisitoire, fut « l’une des contributions les plus précieuses que quiconque ait fait à la campagne Trump », peut-être même « ce qui a permis à Trump d’être élu ». Michael Cohen, avocat personnel du candidat, versa ainsi 130 000 dollars à l’ancienne actrice de films pornographiques Stormy Daniels, à quelques jours de l’élection présidentielle de 2016. Il en fut remboursé par chèques, en 2017, maquillés dans les comptes de la Trump Organization. Lire aussi Au procès de Donald Trump, le témoin Michael Cohen confronté à ses mensonges par une défense incisive « On suit les faits et la loi, sans peur ni parti pris » Alvin Bragg, le procureur de Manhattan, celui qui a relevé le défi de ce dossier, se trouvait jeudi dans la salle d’audience, comme cela lui était arrivé à des moments importants du procès. Ce verdict ne concernait pas seulement Donald Trump. Il représentait aussi une évaluation du travail du procureur, et même de la crédibilité de la justice américaine, dénoncée comme instrumentalisée et partiale par les partisans de l’ancien président. Alvin Bragg, le procureur de Manhattan, et ses adjoints, lors d’une conférence de presse suivant la condamnation de Donald Trump, à New York, le 30 mai 2024. SPENCER PLATT / AFP Lire aussi Au procès Trump, une « affaire de papier » pour la défense, une démocratie subvertie pour l’accusation En début de soirée, Alvin Bragg a pris la parole devant la presse, entouré de tous ses adjoints aux noms désormais familiers – tels Matthew Colangelo, Susan Hoffinger ou Joshua Steinglass – auxquels il a rendu hommage, « serviteurs modèles du service public ». Il a remercié les jurés, « douze New-Yorkais ordinaires » qui ont accompli « un devoir civique fondamental ». Même si « le prévenu était différent de tout autre dans l’histoire américaine », Alvin Bragg a insisté sur la banalité des incriminations retenues, instruites et jugées semaine après semaine dans cette même cour criminelle de Manhattan. « C’est ce qu’on fait chaque jour. On suit les faits et la loi, sans peur ni parti pris », a dit le procureur, soulagé mais sobre, se gardant de dévoiler ses intentions sur un point clé : la peine qu’il proposera au juge Merchan dans les semaines à venir. Lire aussi L’autorité calibrée du juge Merchan face aux foudres de Trump et de ses soutiens Le juge dispose d’une large palette d’options. Chaque fait pour lequel Donald Trump a été reconnu coupable peut entraîner une peine maximum de quatre ans de prison, mais elles seraient en toute probabilité effectuées simultanément si elles étaient prononcées. Le magistrat peut retenir une peine plus courte, ou même avec sursis, en tenant compte du caractère non violent des faits et du casier judiciaire vierge de l’ancien président, même s’il a déjà été condamné au civil. En revanche, en vertu de la Constitution américaine, rien n’empêchera le candidat républicain – qui fera très probablement appel de sa condamnation – de poursuivre sa route vers le scrutin de novembre. « Je suis un homme très innocent » Un échec de l’accusation aurait été un incroyable atout de campagne pour Donald Trump. Le verdict, lui, fait pénétrer les Etats-Unis en territoire inconnu, sujet de toutes les spéculations. « On pourrait se souvenir du 30 mai 2024 comme étant le jour où Donald Trump a gagné l’élection présidentielle de 2024 », a osé son fils Eric Trump, sur le réseau X. Il n’en sait rien. Les adversaires du condamné se gardaient aussi de triompher, à l’image de la Maison Blanche. Mais il est difficile de concevoir en quoi ce verdict pourrait représenter un avantage pour Donald Trump, désireux d’élargir sa base électorale au-delà de sa base fanatisée, en direction des indépendants et des indécis. Le Monde Application La Matinale du Monde Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer Télécharger l’application Lors d’une brève allocution dans le couloir du tribunal face aux caméras, l’ancien président, visiblement las, a répété les mots déjà prononcés au fil de ces semaines d’audience. « Une honte », « procès truqué », « juge corrompu ». Il a parlé aussi des « terroristes » et des « gens sortis de l’asile » qui se déverseraient à travers la frontière avec le Mexique, d’une « nation en déclin », pot-pourri de ses classiques de campagne. « Je suis un homme très innocent », dit-il, comme si cette gradation existait. « Le vrai verdict sera rendu par le peuple le 5 novembre », jour de l’élection présidentielle, lança enfin Donald Trump, dans une confusion de registres qu’il pratique depuis le 30 mars 2023. Lire aussi « Donald Trump oriente la démocratie américaine vers le type “illibéral” » Ce jour-là fut officiellement révélée son inculpation dans cette affaire. La suite de l’année fut jalonnée par trois autres séries d’inculpations, pour des faits d’une gravité exceptionnelle. Détention illégale et dissimulation de documents classifiés dans sa résidence de Mar-a-Lago. Rôle majeur dans la tentative d’interruption de la transition pacifique du pouvoir, après sa défaite face à Joe Biden. Une tentative qui a conduit à l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021, par ses partisans. Mais ces deux enquêtes fédérales et une autre spécifique à la Géorgie sont toutes bloquées, pour différentes raisons. Dès lors, le dossier new-yorkais était le seul à s’inscrire fermement à l’agenda, avant l’élection présidentielle. Une copie du verdict du procès de Donald Trump, à la suite de la condamnation de l’ancien président, à New York, le 30 mai 2024. JON ELSWICK / AP Lire la synthèse Donald Trump : où en sont les enquêtes judiciaires qui menacent l’ancien président américain ? « Une journée honteuse » La collision entre le calendrier judiciaire et politique n’est nullement achevée avec ce verdict. Au contraire. La peine elle-même sera prononcée par le juge Juan Merchan le 11 juillet, soit quatre jours avant le début de la convention républicaine à Milwaukee (Wisconsin), lors de laquelle Donald Trump doit être investi et annoncer son colistier. Le Grand Old Party se trouve à un moment de vérité, comme après l’assaut du 6 janvier 2021. En se plaçant en rupture avec l’Etat de droit, en ne défendant pas la justice et l’ordre, en choisissant de suivre Donald Trump jusqu’à l’abîme, cette formation risque de confirmer sa dégénérescence éthique et morale. Le fait de ne pas reconnaître la victoire de Joe Biden à l’élection de 2020 est devenu une sorte de critère de recrutement dans le monde trumpiste, en vue de postes dans une nouvelle administration ou d’un adoubement dans les élections. Le speaker de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a donné le ton jeudi, en dénonçant « une journée honteuse dans l’histoire américaine », un « exercice purement politique » et « une instrumentalisation du système judiciaire ». Le 27 juin, Donald Trump est supposé affronter Joe Biden lors d’un premier débat télévisé, sur CNN, à Atlanta. Une heure à peine après le verdict, l’équipe de campagne du milliardaire envoyait déjà un appel à ses partisans, pour lever des fonds. « Je suis un prisonnier politique ! », disait le titre. Nouvelle étape de la martyrologie trumpiste. Lire aussi Aux Etats-Unis, Joe Biden et Donald Trump s’engagent à participer à deux débats télévisés en amont de la présidentielle Ces six semaines de procès à New York furent denses, très variées, hésitant parfois entre les registres. Vingt témoins de l’accusation, deux pour la défense. Des pages et des pages de messages téléphoniques, de documents comptables, de factures, de chèques, d’extraits de livres. Les séquences de pure technique financière ont été entremêlées avec d’intenses interrogatoires de témoins controversés, comme Stormy Daniels ou Michael Cohen, homme à tout faire de Donald Trump, enroulé dans ses mensonges successifs. Une voix a cruellement manqué : celle de Donald Trump lui-même. Malgré ses promesses et ses bravades, il a décidé de ne pas se soumettre à un interrogatoire. Une évidence pour tous les experts, tant il aurait pris le risque de s’incriminer, au vu des éléments matériels et des témoignages recueillis. Lire aussi Au procès de Donald Trump, Stormy Daniels stoïque dans la tempête du contre-interrogatoire Ce procès a aussi été riche d’une leçon d’histoire. Il a permis de comprendre à quel point le Donald Trump de 2015-2016, nouveau venu en politique avec un sens consommé du spectacle et de la transgression, était encore préoccupé par sa réputation. Au point de payer et de conspirer pour étouffer des témoignages sur ses aventures extraconjugales, comme l’ont reconnu les jurés. Le Donald Trump de 2024, condamné au pénal, poursuivi par ailleurs pour tentative de coup d’Etat, est devenu un homme sans freins. Un homme aux abois, rêvant de vengeance et de démolition de ces institutions entravant son retour à la Maison Blanche. Un homme dont la réputation n’est plus à défaire. Voir aussi Donald Trump jugé coupable : les unes de la presse Piotr Smolar (Washington, correspondant) NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE Donald Trump déclaré coupable à l’issue de son procès pour des paiements dissimulés avant l’élection de 2016 Hier à 23h13 Ce que montre l’analyse détaillée des images du bombardement israélien d’un camp de déplacés à Rafah Hier à 19h20 Donald Trump jugé coupable : les unes de la presse Aujourd’hui à 05h57 « Donald Trump oriente la démocratie américaine vers le type “illibéral” » Hier à 04h30 De nouvelles frappes américaines et britanniques visent des sites houthistes au Yémen Aujourd’hui à 02h21 Partagée 47 millions de fois sur les réseaux, « cette image, ce n’est pas Rafah » Hier à 21h37 CONTRIBUTIONS Bienvenue dans l’espace des contributions Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. Voir les contributions