~~NOTOC~~ @DATE@ ====== Le Monde – Chez Cooperl, géant breton du cochon, un groupe d’éleveurs frondeurs veut renverser la direction ====== ---- {{https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/06/06/chez-cooperl-geant-breton-du-cochon-un-groupe-d-eleveurs-frondeurs-veut-renverser-la-direction_6237669_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default|Le Monde – Chez Cooperl, géant breton du cochon, un groupe d’éleveurs frondeurs veut renverser la direction}} Vous pouvez partager un article en cliquant sur l’icône de partage en bas à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. 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CLAUDE PRIGENT/PHOTOPQR/LE TELEGRAMME/MAXPPP Ils ont donné rendez-vous au Monde dans une zone commerciale de la banlieue de Saint-Brieuc. Discrétion oblige. Dans le recoin d’un café, deux éleveurs de cochons détaillent la « partie d’échecs » actuellement à l’œuvre à Cooperl Arc Atlantique, principale coopérative porcine française (2,79 milliards de chiffre d’affaires en 2022, 3 000 agriculteurs associés et 7 700 salariés). Ces agriculteurs refusent de donner leurs noms et prénoms. Débit mitraillette, Bertrand – prénom d’emprunt – explique : « Nous devons, pour l’heure, rester anonymes pour éviter des représailles. Ce que vous devez comprendre, c’est que nous parlons au nom d’un collectif de 308 agriculteurs décidés à reprendre en main leur coopérative. » Le nombre et les identités de ces éleveurs ont été confirmés par le cabinet parisien d’avocats Chatain Associés qui s’est chargé de réclamer en leur nom la révocation de l’intégralité du conseil d’administration de la coopérative et l’élection d’une nouvelle équipe à l’occasion de l’assemblée générale annuelle programmée le 21 juin. Voilà qui ressemble à une tentative de coup d’Etat en règle. Maître Antoine Chatain cite les statuts du groupement qui autorisent cette manœuvre à condition d’être fomentée par un dixième des adhérents. LA SUITE APRÈS CETTE PUBLICITÉ Un tel mouvement de fronde détonne dans ce monde agricole qui a souvent la réputation d’être féroce à l’encontre de ceux qui perturbent l’ordre établi. D’autant plus qu’il intervient au sein de la puissante Cooperl Arc Atlantique, présidée par Bernard Rouxel qui n’a pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde. Opacité de la gouvernance Cette entreprise est une locomotive économique en Bretagne, région où la moitié des porcs français sont élevés. Le groupement figure parmi les dix plus importantes coopératives du pays, des mastodontes qui orchestrent et commercialisent la production de la majorité des agriculteurs. Nombre de ces entreprises sont critiquées pour l’opacité de leur gouvernance, mais aussi de leurs résultats. C’est particulièrement vrai à Cooperl Arc Atlantique que le grand public a découvert à l’occasion de l’affaire du « cartel du jambon ». Le groupe breton a été condamné avec une dizaine d’autres pour des ententes sur les prix. Le 7 mars 2024, la cour d’appel de Paris a confirmé la condamnation de Cooperl Arc Atlantique, mais a allégé l’amende à 13 millions d’euros. L’entreprise a annoncé son pourvoi en cassation. Lire aussi L’autorité de la concurrence sanctionne lourdement le cartel du jambon Assis aux côtés de Bertrand, Grégoire – un prénom d’emprunt – tient à défendre sa coopérative comme un outil « nécessaire ». Il dit se mobiliser pour « rétablir la démocratie » au sein d’une structure qui agit « désormais comme un rouleau compresseur ». Lié par un contrat renouvelable de cinq ans, l’éleveur s’agace de payer produits et services plus chers à sa coopérative qu’ailleurs alors qu’elle négocie les bêtes à des prix moins intéressants que ceux pratiqués au Marché du porc breton, la référence nationale. « Combat stratégique » Depuis 2023, les clients de maître Antoine Chatain constatent un dévissage des prix de six centimes par kilo en moyenne. Une exploitation de 200 truies perdrait ainsi 36 000 euros par an. Un manque à gagner qui reste pour le moment supportable pour des éleveurs de cochons qui évoluent actuellement dans un contexte économique plus favorable que les aviculteurs, les maraîchers ou les producteurs de lait. « Nous avons vécu tellement de périodes difficiles dans le porc qu’on ne peut pas se permettre de rater nos belles années. C’est justement parce que nous n’avons pas la tête sous l’eau que nous devons mener ce combat stratégique au sein de notre coopérative », défend Grégoire. Le Monde Jeux Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés. Jouer Les 308 opposants à la direction ont réclamé les comptes de la coopérative et de sa myriade de filiales pour jauger la santé financière du groupe. Des données « laissées à la discrétion du conseil d’administration », rétorque Bernard Rouxel, président de Cooperl Arc Atlantique, dans une lettre que Le Monde a consultée. La révocation et l’élection d’un nouveau conseil d’administration figureront-elles à l’ordre du jour de l’assemblée générale du 21 juin ? Dans Ouest-France, le 31 mai, Bernard Rouxel dit « vérifier » le bien-fondé de la demande. Quelques jours plus tôt, il notifiait pourtant son refus par courrier. « Mes clients sont prêts à tout mettre en œuvre pour que le débat ait lieu », prévient Antoine Chatain. Le Haut conseil de la coopération agricole, établissement d’utilité publique censé être le garde-fou du secteur, a été averti de la situation. Lire aussi l’enquête (2023) : Le lobby agroalimentaire breton, une machine puissante et bien huilée La perspective d’une révocation du conseil d’administration inquiète l’équipe de Bernard Rouxel. Prompts à vanter la démocratie comme une valeur cardinale et à rappeler qu’« un adhérent égal une voix », les promoteurs du modèle coopératif connaissent les faibles taux de participation au sein de leurs instances. Selon une étude du Haut conseil, plus une coopérative est importante, moins elle mobilise. Seulement 21 % des adhérents des groupements générant plus de 300 millions de chiffre d’affaires votent. Avec 308 convaincus sur quelque 3 000 adhérents, la liste d’opposition, qui annonce être en mesure de présenter 36 candidats aux postes d’administrateurs, a donc de sérieuses chances de l’emporter. Meilleure redistribution des marges Encore faut-il que cette équipe d’agriculteurs rassure sur ses capacités à diriger une coopérative taillée comme une multinationale. « Nous avons un projet solide qui consiste à replacer l’éleveur au centre du projet », martèle Bertrand. Il dit vouloir notamment arrêter « d’éparpiller » les investissements aux quatre coins du monde et dans différents secteurs d’activité, pour permettre une meilleure redistribution des marges aux adhérents. Lire aussi Les coopératives agricoles dans l’angle mort de la colère paysanne Ce changement de cap ressemble à celui récemment engagé au sein de Tereos, incontournable coopérative sucrière (6,6 milliards de chiffre d’affaires, 11 200 agriculteurs adhérents et 15 800 salariés). Cette structure a, elle aussi, traversé une crise interne. En 2020, son président, Alexis Duval, avait été renversé par des associés lui reprochant sa politique de développement jugée risquée et trop fortement tournée vers l’international. L’exemple de Tereos inspire les 308 éleveurs de Cooperl qui réservent les détails de leur stratégie à leurs pairs présents, le 21 juin, au Palais des congrès de Saint-Brieuc. L’Assemblée générale de la coopérative s’annonce électrique. Pas sûr que la table ronde entre Julien Denormandie, ancien ministre de l’agriculture et coauteur de l’ouvrage Nourrir sans dévaster (Flammarion, 352 pages, 23 euros) avec Erik Orsenna, lui aussi présent ce jour aux côtés d’Arnaud Rousseau, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), soit le temps fort de la journée. Le thème du débat est pourtant d’actualité : « La coopération est-elle capable de faire surgir un modèle d’agriculture compétitive et durable ? » Lire aussi Le français Tereos, numéro deux mondial du sucre, débarque sa direction Benjamin Keltz (Rennes, correspondant) DANS LA MÊME RUBRIQUE A l’assemblée générale de Carrefour, gros chahut et malaise social Le 24 mai 2024 à 17h06 Zara Home remplace The Conran Shop à Paris Le 23 mai 2024 à 17h24 Dans les supermarchés de France, les prix se stabilisent, mais la consommation ne reprend pas Le 23 mai 2024 à 09h00 Inflation : le prix du panier de courses alimentaires de Circana pour « Le Monde » se stabilise au plus haut en mai Le 23 mai 2024 à 09h00 Comment des Ouïgours ont été forcés de travailler dans des usines de poisson destiné aux Etats-Unis et à la France Le 09 mai 2024 à 06h00 Agriculture : les députés retoquent en commission la création de « groupements fonciers agricoles d’investissement » Le 04 mai 2024 à 03h39 CONTRIBUTIONS Bienvenue dans l’espace des contributions Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. 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