~~NOTOC~~ @DATE@ ====== Le Monde – Les nouvelles prévisions de Bruxelles confirment le décrochage de l’Union européenne ====== {{https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/05/15/les-nouvelles-previsions-de-bruxelles-confirment-le-decrochage-de-l-union-europeenne_6233421_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default|lemonde}} Vous pouvez partager un article en cliquant sur l’icône de partage en bas à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. 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THIERRY MONASSE / GETTY IMAGES Petit à petit, l’Union européenne (UE) sort de la stagnation. Selon les prévisions de la Commission européenne, publiées mercredi 15 mai, la croissance devrait y atteindre 1 % cette année puis monter à 1,6 % en 2025, après avoir plafonné à 0,4 % en 2023. Pour la zone euro, le produit intérieur brut (PIB) devrait progresser de 0,8 % en 2024 et de 1,4 % en 2025. Lire aussi La Commission européenne revoit une nouvelle fois ses prévisions de croissance à la baisse Seule la consommation explique cette légère embellie conjoncturelle, alors que les tensions sur le marché du travail, les hausses de salaire et le recul de l’inflation renforcent le pouvoir d’achat des citoyens. Cette tendance, à en croire les experts bruxellois, est appelée à se poursuivre. Au sein de la zone euro, les prix devraient en effet augmenter de 2,5 % en 2024 et de 2,1 % en 2025, après s’être envolés de 5,4 % en 2023. Quant au taux de chômage, proche de son plus bas historique, il atteindrait 6,6 % cette année et 6,5 % en 2025. Pour le reste, les indicateurs économiques, à commencer par l’investissement, restent atones. Le maintien des taux d’intérêt à des niveaux relativement élevés explique la frilosité du secteur privé, tout particulièrement dans la construction, que compensent à peine les dépenses publiques et le plan de relance européen post-Covid de 750 milliards d’euros. La France et l’Italie à la traîne Les difficultés de l’Allemagne, dont l’industrie est privée du gaz russe bon marché et exporte moins sous l’effet du ralentissement chinois, pèsent lourdement sur le Vieux Continent. Le PIB de la première économie européenne devrait en effet augmenter de 0,1 % en 2024 et de 1 % en 2025, après s’être contracté de 0,3 % en 2023. Lire aussi L’économie de l’Allemagne reste « comme paralysée » malgré la baisse des prix de l’énergie Quant à la France et l’Italie, deuxième et troisième économies européennes, elles restent à la traîne par rapport à la moyenne de leurs partenaires communautaires, avec toutes deux une croissance inférieure à 1 % cette année et à 1,5 % en 2025. Le Monde Jeux Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés. Jouer Si la Commission mise sur une reprise, celle-ci devrait donc rester modeste. D’autant que ces prévisions, comme le dit Paolo Gentiloni, le commissaire européen à l’économie, sont « hautement incertaines et – [qu’]avec deux guerres (…) non loin de chez nous – les risques à la baisse ont augmenté ». Au-delà des tensions géopolitiques liées au conflit israélo-palestinien et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les économistes de l’exécutif communautaire identifient d’autres facteurs de risque. « La persistance de l’inflation aux Etats-Unis », notent-ils, et un reflux moins important de la hausse des prix sur le Vieux Continent pourraient amener la Banque centrale européenne (BCE) à « reporter » les baisses de taux. Mesures de restrictions budgétaires Qui plus est, face à la dégradation de leurs finances publiques, plusieurs Etats membres devraient décider de faire des économies qui, à ce jour, ne sont pas – ou pas totalement – prises en compte dans les prévisions de la Commission européenne. Ces mesures de restrictions budgétaires pourraient, elles aussi, peser sur la croissance à venir. En 2023, la morosité économique n’a pas permis aux Vingt-Sept de réduire leur déficit public, qui a représenté 3,6 % du PIB au sein de la zone euro. Mais, dès lors que les prix de l’énergie ont reflué et que les gouvernements ont dans la foulée commencé à réduire leurs aides aux ménages et aux entreprises, ce ratio devrait reculer à 3 % en 2024 et à 2,8 % en 2025. Onze pays, à commencer par la France, devraient néanmoins encore afficher cette année un déficit public supérieur à 3 %. Le 19 juin, Bruxelles devrait, pour la plupart d’entre eux, ouvrir des procédures pour déficit excessif qui les contraindront à tailler dans leurs dépenses. D’autant que le niveau de la dette rapportée au PIB, avec la hausse du loyer de l’argent et la faible croissance, devrait se maintenir aux alentours des 90 % jusqu’en 2025, loin des 60 % inscrits dans les traités. Décrochage vis-à-vis des Etats-Unis Une chose est certaine, l’UE continue à décrocher vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine, qui devraient respectivement voir leur PIB augmenter de 2,4 % et de 4,8 % en 2024. Et cela ne devrait pas s’arranger, alors que Washington comme Pékin mènent des politiques industrielles très offensives sans s’embarrasser de standards écologiques contraignants, investissent massivement dans les technologies d’avenir et bénéficient d’une énergie bon marché. Dans son rapport sur le marché intérieur, publié le 17 avril, l’ancien premier ministre italien Enrico Letta rappelait que le PIB par habitant a, depuis 1993, progressé de 60 % outre-Atlantique et de seulement 30 % en Europe. L’Europe doit opérer un « changement radical » pour rester compétitive face à la Chine et aux Etats-Unis, qui refusent de « respecter les règles » du commerce international, déclarait l’ex-président de la BCE, Mario Draghi, le 16 avril. Avant d’ajouter : « Notre capacité de réponse a été limitée, car notre organisation, notre prise de décision et notre financement ont été conçus pour le monde d’avant, avant le Covid, la guerre en Ukraine, les conflits au Moyen-Orient et le retour des rivalités entre les grandes puissances. » Union en déclin « Notre Europe est mortelle », a martelé Emmanuel Macron, à la Sorbonne, le 25 avril. Aujourd’hui, en Europe, le constat d’une Union en déclin qui pourrait se voir définitivement reléguée en deuxième catégorie est largement partagé. Le 18 avril, à l’issue d’une réunion à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont d’ailleurs défendu la nécessité de se doter d’un « pacte de compétitivité » afin de « combler les écarts de croissance, de productivité et d’innovation » entre le Vieux Continent et l’Amérique du Nord ou l’Asie. Le message est clair : l’économie doit désormais être la priorité numéro un des Européens, aux côtés de la sécurité, qui ne peut être oubliée en ces temps de guerre. Le Pacte vert, qui a été l’un des marqueurs de l’UE ces dernières années, doit maintenant être au service de la croissance. La « Commission géopolitique » revendiquée par la présidente de l’exécutif communautaire, Ursula von der Leyen, doit se muer en « Commission économique », insistait Charles Michel, le président du Conseil, le 17 avril. Reste à savoir comment les Européens comptent s’y prendre pour rattraper leur retard. A ce stade, les Vingt-Sept – à commencer par Paris et Berlin – restent très divisés sur la réponse à apporter à ce défi majeur. Lire aussi : La Commission européenne mise sur un redressement très progressif de l’économie de la zone euro Virginie Malingre (Bruxelles, bureau européen) NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE La Chine n’est plus le premier partenaire commercial de l’Allemagne Le 18 mai 2024 à 08h06 Alexandra Roulet, lauréate du Prix du meilleur jeune économiste 2024 Le 27 mai 2024 à 06h30 AlphaFold 3, le logiciel phare de DeepMind pour modéliser les protéines, frustre les chercheurs Le 28 mai 2024 à 13h30 Le dérapage préoccupant des finances publiques belges Le 21 mai 2024 à 09h19 Nouvelle-Calédonie : le dramatique échec d’une méthode Le 15 mai 2024 à 10h35 Ecrans et risques pour la santé des enfants : ce que dit la science Le 27 mai 2024 à 18h00 CONTRIBUTIONS Bienvenue dans l’espace des contributions Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. Voir les contributions