~~NOTOC~~ @DATE@ ====== Le Monde – « L’intelligence artificielle générative n’a rien de magique » ====== ---- {{https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/07/l-intelligence-artificielle-generative-n-a-rien-de-magique_6237850_3232.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default|lemonde}} Vous pouvez partager un article en cliquant sur l’icône de partage en bas à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. 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La « révolution » de l’intelligence artificielle (IA) générative tardait à se traduire dans les chiffres. Mais les Big Tech sont enfin parvenues à générer des revenus grâce à l’IA. Au dernier trimestre [2023], Microsoft Cloud a dépassé les 33 milliards de dollars [environ 30,31 milliards d’euros] de chiffres d’affaires. Les revenus de Google Cloud ont augmenté [en 2023] de 22 % par rapport à 2022. Autrement dit, les entreprises paient pour les services d’IA générative des fournisseurs de cloud. Ces résultats ne sont cependant pas une fin en soi. Si on peut saluer l’impact économique naissant de l’IA générative pour les fabricants de grands modèles de langage, force est de reconnaître qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres pour l’ensemble des entreprises. Selon le cabinet QuantumBlack, moins de 10 % des entreprises ont vu l’effet de l’IA générative sur leurs résultats avant intérêts et impôts. Un chiffre inquiétant qui fait écho, en France, à la présentation du rapport de la commission interministérielle de l’IA, le 13 mars. Lire la chronique : Intelligence artificielle : « Microsoft dispose d’une longueur d’avance » A cette occasion, son président, l’économiste Philippe Aghion, a chiffré la hausse du produit intérieur brut qu’engendrerait l’IA (« une fourchette de 250 milliards à 420 milliards d’euros en 2034 »), mais s’est gardé de faire de même avec l’IA générative, car « sa popularité récente rend difficile d’avoir le recul suffisant ». Lire la synthèse Intelligence artificielle : un plan d’action pour placer la France « à la pointe » Evidemment, aucun des membres de cette commission ne doute du potentiel de cette technologie de rupture. Mais cette prudence ne peut être dissociée de la lenteur de la création de valeur générée grâce à l’IA par les entreprises. Des cas d’usage spécifiques Le 12 mars, le média spécialisé The Information publiait un article intitulé « Amazon et Google tempèrent les attentes autour de l’IA générative ». Les auteurs y relayaient des témoignages de dirigeants se demandant quand ils percevraient les bénéfices de ces « logiciels censés automatiser les tâches répétitives ». Contrairement aux discours qui ont escorté son invention, l’IA générative n’a rien de magique. Elle n’est pas encore « plus profonde que le feu, l’électricité ou tout ce qui a été créé par le passé », comme l’a affirmé Sundar Pichai, le PDG de Google. LA SUITE APRÈS CETTE PUBLICITÉ Pour le moment, il s’agit d’une technologie qui doit être soumise à une approche méthodique pour créer de la valeur. Il faut d’abord identifier un nombre limité d’applications potentielles (« cas d’usage ») à forte valeur ajoutée, c’est-à-dire les singularités qui fondent la compétitivité de l’entreprise. Lire aussi « L’explication la plus convaincante du déclin de la productivité est que les institutions ne s’adaptent pas assez vite aux révolutions technologiques » A ce titre, la presse fait partie des industries les plus matures. De nombreuses rédactions ont déjà identifié des cas d’usage spécifiques qui leur permettent de se différencier pour améliorer leur compétitivité sans pour autant fragiliser leur rédaction. C’est par exemple le cas du Financial Times, qui teste actuellement le service Ask FT permettant à ses lecteurs d’accéder à tous les articles du média depuis plusieurs décennies grâce à des requêtes en langage naturel. Gouffre financier et déception En l’espèce, le cas d’usage spécifique du journal britannique est la valorisation d’une base d’archives de plusieurs décennies. Commentant cette innovation, Lindsey Jayne, la responsable du projet, a déclaré qu’il ne s’agissait pas d’une façon de « prendre le train de la hype car autrement le public traiterait cela comme un gadget dont il finirait par se lasser ». Lire la tribune : « Si l’intelligence artificielle générative présente des atouts pour les entreprises, il ne faut pas oublier qu’elle reste une boîte noire » Adopter une approche méthodique ne conduira pas nécessairement à un recours à l’IA générative. Dans bien des cas, l’IA traditionnelle suffit amplement. Comme cela a été largement commenté lors de la dernière édition du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, de nombreux dirigeants peinent encore à exploiter pleinement le potentiel de l’IA. Pour ces derniers, l’IA générative se révélerait un gouffre financier et une déception opérationnelle. Lire aussi l’enquête : De ChatGPT à Midjourney, les intelligences artificielles génératives s’installent dans les entreprises Ne perdons pas de vue que la raison d’être de l’intelligence artificielle – qu’elle soit générative ou pas – est de transformer. Mais cette capacité transformationnelle ne va pas de soi. Penser le contraire est une erreur ; soutenir l’inverse est un mensonge. Jean-Baptiste Bouzige est président d’Ekimetrics, société de conseil en stratégie de données et en intelligence artificielle L’Europe se rêve en champion numérique La France et l’Europe – car c’est à l’échelle de l’Union que se font les choix de politique technologique – ne manquent pas de ressources scientifiques et techniques pour affronter la concurrence américaine et chinoise. Mais les choix politiques des gouvernements et les choix économiques des entreprises seront déterminants pour fonder une véritable « souveraineté » européenne dans le domaine du numérique, et échapper à la domination des monopoles. « Il n’est jamais trop tard pour briser les chaînes de dépendance technologique » par Ophélie Coehlo, chercheuse en géopolitique du numérique, membre des conseils scientifiques de l’Institut Rousseau et de l’Observatoire de l’éthique publique, autrice de Géopolitique du numérique. L’impérialisme à pas de géants (Les Editions de l’Atelier, 2023) Marché du numérique : « Nous appelons à l’action pour réguler les abus de position dominante » par Jean-Claude Laroche, le président du Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) Informatique quantique : « Toutes les entreprises françaises et européennes doivent se sentir concernées et se préparer » par Elie Girard, ancien directeur général d’Atos, est président exécutif d’Alice & Bob, qui développe un ordinateur quantique universel, et Théau Peronnin, directeur général d’Alice & Bob « L’Europe dispose d’un terrain particulièrement fertile pour nourrir l’innovation » par Claire Angelier, déléguée générale de l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT), et Gérard Roucairol, président honoraire de l’Académie des technologies « L’intelligence artificielle générative n’a rien de magique » par Jean-Baptiste Bouzige, président d’Ekimetrics, société de conseil en stratégie de données et en intelligence artificielle Jean-Baptiste Bouzige (Consultant en stratégie de données) NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE Le nouvel hôtel de la tour Pleyel à Saint-Denis au défi de remplir ses 700 chambres Hier à 13h00 Ophélie Coelho, chercheuse en géopolitique : « Il n’est jamais trop tard pour briser les chaînes de dépendance technologique » Hier à 13h00 « La façon dont l’IA définit l’image d’une femme belle peut créer des ravages » Hier à 04h30 Ten Ten, l’application au succès surprise, qui inquiète jusqu’au ministère de l’intérieur Le 06 juin 2024 à 18h05 IA : des médias français demandent l’ouverture de négociations avec OpenAI, Google et Mistral Hier à 14h57 Françoise Joly, directrice de l’information de TV5Monde, convoquée à un entretien préalable à son licenciement Hier à 23h41 CONTRIBUTIONS Bienvenue dans l’espace des contributions Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. 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