~~NOTOC~~ @DATE@ ---- ====== Le Monde – Législatives 2024 : comment le RN écrit le récit de son empêchement en cas de victoire ====== {{https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/14/legislatives-2024-comment-le-rn-ecrit-le-recit-de-son-empechement-en-cas-de-victoire_6239930_823448.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default|lemonde}} Vous pouvez partager un article en cliquant sur l’icône de partage en bas à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. 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CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Le Rassemblement national (RN) présentera-t-il son programme de gouvernement avant les élections législatives des 30 juin et 7 juillet ? La chose n’est pas arrêtée, même si plusieurs hauts responsables du parti poussent en faveur d’une forme de discours de politique générale de Jordan Bardella, détaillant le financement des mesures prévues. Pour l’heure, l’extrême droite a paré à l’urgence : une profession de foi, présentée jeudi 13 juin par Le Figaro, est partie à l’imprimerie. Y figurent huit points-clés, pour certains des mesures concrètes, pour d’autres des intentions plus floues. La formation d’extrême droite y parle pouvoir d’achat, sécurité, immigration et santé – nul mot sur l’environnement, l’éducation ou les retraites. Ce dernier point a fait l’objet de débats en interne. Et reflète l’approche du parti dans cette campagne éclair : « Nous tenons un discours de prudence pour rassurer, notamment les marchés, assume l’ex-député de la Somme Jean-Philippe Tanguy, qui fait figure de possible ministre de l’économie de Jordan Bardella. Ils ne laisseront pas le RN faire dériver les comptes, à l’inverse de ce qui est accordé à Emmanuel Macron. Nos premiers actes budgétaires seront sans déficit supplémentaire. » Alors que la conquête du pouvoir devient palpable, le RN entend sortir des propos d’estrade et semble d’ores et déjà préparer le terrain à l’abandon de certaines mesures. Jordan Bardella a ainsi annoncé, mardi, le report de l’application de la réforme des retraites version lepéniste, martelée sur tous les tons durant la lutte contre la réforme d’Emmanuel Macron, en 2023. Le parti continue d’assurer que la réforme macroniste ne rapporte rien à l’Etat, mais remet son abrogation au deuxième temps d’un futur mandat. Lire aussi Jordan Bardella revient sur la promesse du RN d’abroger la réforme des retraites s’il parvient au pouvoir Selon les informations du Monde, d’autres mesures ne figureraient pas au premier budget d’un gouvernement RN : la suppression de la TVA sur 100 produits de première nécessité, l’exonération d’impôts sur le revenu des moins de 30 ans, une plus franche exonération de droits de succession. A cela, Jordan Bardella donne une explication qui ressemble à celle de beaucoup de premiers ministres avant lui : « La situation économique dont nous allons hériter est (…) compliquée. (…) Je serai amené à faire des choix. » « Contrat moral » avec l’électeur A ses proches, Marine Le Pen raconte que le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, en personne, lui a vivement conseillé de « soulever le capot » si elle prenait un jour les rênes du pays. C’est donc ce qu’elle ferait : un audit des comptes publics serait réclamé à l’inspection générale des finances et à la Cour des comptes. « Cela n’a jamais été fait », a dit Jordan Bardella, mardi, sur France 2 – il s’agit en réalité d’un grand classique en cas d’alternance. Le principe étant d’accuser ses prédécesseurs d’avoir caché des cadavres dans les placards de Bercy, et de relever les prévisions de déficit, afin de justifier des renoncements au programme ou de nouveaux impôts. Newsletter « Politique » Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique S’inscrire Aux cadres du mouvement, les dirigeants parlent désormais d’une rigueur nécessaire et d’efforts à fournir, équitablement répartis. Le RN ne s’accroche, pour l’instant, qu’à une seule mesure très coûteuse, estimant qu’elle est un motif déterminant du vote en sa faveur et relève du « contrat moral » avec l’électeur : la baisse de la TVA à 5,5 % sur le gaz, le fioul et les carburants. Le parti la chiffre à 12 milliards d’euros et Bercy 16,8 milliards. Elle figurerait dans un budget rectificatif à adopter en juillet. Combien de recettes en face ? Plusieurs grosses pistes d’économies sont envisagées. La principale est explosive : il s’agit de la niche fiscale des armateurs, l’une des plus coûteuses pour l’Etat, qui bénéficie surtout au groupe CMA CGM et à son patron, Rodolphe Saadé, par ailleurs propriétaire de presse. « On n’a pas la main sur Bercy. Donc, on verra ce que l’on peut faire. Mais on assume nos mesures », dit Renaud Labaye, bras droit de Marine Le Pen à l’Assemblée nationale. Selon lui, après une première année de la législature, qui sera consacrée à ces mesures d’urgence, le parti pourra décliner le reste de son programme en fonction de ses marges de manœuvre. L’exonération de cotisations patronales sur les augmentations de salaire jusqu’à 10 %, autre dispositif phare du logiciel lepéniste critiquée par les économistes, pourrait ainsi intégrer le budget 2025. Mais uniquement à l’issue d’une conférence sociale, que l’extrême droite convoquerait dès la rentrée 2024. Parmi les sujets que le RN mettrait sur la table : le devenir du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, le CICE. Prétextant une dégradation financière « cachée » par l’actuel gouvernement, les cadres du RN préviennent qu’ils raboteront une partie des promesses inscrites dans leur programme de référence, celui de Marine Le Pen lors de la présidentielle 2022. « On ne pourra pas arriver et raser gratis, contrairement à ce que des gens pensent. Si la situation est dégradée comme on le craint, nous devrons gouverner à budget constant », répète Roger Chudeau. L’ex-député du Loir-et-Cher et ancien inspecteur général de l’éducation nationale annonce avoir remisé la revalorisation de la grille indiciaire des enseignants de 3 % par an. L’augmentation serait désormais « conditionnée », « forfaitaire » et renvoyée à la tenue d’une « convention nationale de la fonction d’enseignant au XXIe siècle ». Plus de « prix planchers » sur les produits agricoles Outre l’état des comptes publics, le RN brandit déjà, auprès de l’opinion, les « contraintes institutionnelles » qui obéreraient son action. En période de cohabitation, l’ancien Front national devrait ronger son frein en matière d’immigration. « Priorité nationale » – discrimination entre Français et étrangers – dans l’accès au logement, à l’emploi et aux prestations sociales ; abolition du droit du sol ; quasi-suppression du regroupement familial ; restriction du droit d’asile : le parti a préparé un projet de loi à soumettre par référendum pour entériner des mesures aujourd’hui contraires à la Constitution. La procédure choisie, l’article 11 de la Constitution, remise en cause par de nombreux juristes, requiert l’initiative du président de la République. Impossible aussi pour le RN d’envisager sa « double frontière », martelée par Jordan Bardella lors de la campagne des européennes à défaut d’être clairement expliquée. Interrogée par Le Monde, début juin, sur ce dispositif restreignant la libre circulation dans l’espace Schengen aux citoyens européens, Marine Le Pen avait conditionné son application à une révision des traités européens, qu’elle souhaite promouvoir en cas d’accession à l’Elysée. Pas avant 2027. D’ici là, Renaud Labaye limite l’agenda sur l’immigration à une promesse formulée par tous les derniers gouvernements (exécuter les obligations de quitter le territoire français), une loi complétant celle promulguée par Emmanuel Macron en juin (limiter les dérogations à l’expulsion) et un « symbole » (réclamer la dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968). Lire aussi Elections européennes : comment le RN tergiverse sur sa principale promesse, la « double frontière » Le RN n’a pas encore la majorité à l’Assemblée nationale – et Matignon – qu’il écrit donc le récit d’un empêchement maximum pratiqué à son encontre par Emmanuel Macron, dans l’exercice des pouvoirs propres du chef de l’Etat, en France et au-delà. Ancien député de Gironde et référent du RN sur les questions agricoles, Grégoire de Fournas ajourne, faute d’accession au Conseil européen, où siège le président, plusieurs engagements formulés à l’adresse des exploitants, dont la sortie de l’agriculture des accords de libre-échange conclus par l’UE ou la réforme du marché unique. Il ne compte pas plus instaurer rapidement de « prix planchers » sur les produits agricoles, proposition historique du RN pour protéger le revenu des agriculteurs : aucun obstacle « institutionnel », cette fois, juste la considération que l’actuelle législation est « suffisante ». Le programme des législatives n’est pas encore annoncé qu’il contient nombre d’abandons. Une chose est sûre, la suppression de la double nationalité n’y figurera pas. L’ex-député du Nord Sébastien Chenu l’a pourtant défendue, le 13 juin, sur le plateau de « Touche pas à mon poste ! », du sulfureux Cyril Hanouna. Marine Le Pen y a renoncé depuis 2022. Clément Guillou et Corentin Lesueur NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE Ce que contient le programme du Nouveau front populaire pour les élections législatives Aujourd’hui à 14h51 Elections législatives 2024 : les questions pratiques pour voter Aujourd’hui à 14h55 En direct, législatives 2024 : le programme du Nouveau Front populaire sera financé « en prenant dans la poche de ceux qui ont les moyens de donner », assure Olivier Faure Aujourd’hui à 15h22 « Les artistes visuels représentent très peu la France qui vote Rassemblement national. 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