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elsenews:spot-2024:06:stephane-sejourne

2025/09/18 00:38

Monde – L’énigme Stéphane Séjourné, chef de parti en marge de la bataille des européennes


{{https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/04/l-enigme-stephane-sejourne-chef-de-parti-en-marge-de-la-bataille-des-europeennes_6237159_823448.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default|Le <hidden Article Complet (utilisateurs connectés)> <ifauth @user> POLITIQUE L’énigme Stéphane Séjourné, chef de parti en marge de la bataille des européennes A la tête du groupe Renew au Parlement européen de 2021 jusqu’à sa nomination au Quai d’Orsay, en janvier, celui qui aurait naturellement dû conduire la liste du camp présidentiel au scrutin européen du 9 juin se fait discret dans la campagne. Par Nathalie Segaunes Par Nathalie Segaunes Par Nathalie Segaunes Article réservé aux abonnés Stéphane Séjourné, ministre des affaires étrangères, lors d’un entretien au Quai d’Orsay, à Paris, le 1er mars 2024. Stéphane Séjourné, ministre des affaires étrangères, lors d’un entretien au Quai d’Orsay, à Paris, le 1er mars 2024. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE » Cela n’a pas traîné. A peine sorti du bureau du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev, le 13 janvier, le téléphone de Stéphane Séjourné, nommé l’avant-veille ministre de l’Europe et des affaires étrangères, sonne. « Alors, qu’est-ce qu’il t’a dit ? », s’enquiert Emmanuel Macron depuis l’Elysée. Ombre portée du président français sur la scène internationale, ce fils d’expatriés, qui a passé sa jeunesse entre Mexique, Espagne et Argentine, « a la place dont il a toujours rêvé », dit en souriant une ministre. Un peu écrasante toutefois. Quand il traverse la galerie des portraits du ministère, les figures de deux de ses prédécesseurs, Léon Blum et Pierre Mendès France, l’impressionnent plus que tout autre. En inscrivant son nom dans cette lignée, il se doit d’« être à la hauteur », confie au Monde le plus jeune ministre des affaires étrangères de la Ve République, 38 ans le jour de sa nomination. Ironie du destin, celui qui voulait être pilote à 16 ans – il détient son brevet – passe une grande partie de son temps dans les Falcon de la République, car dit-il, « il faut savoir sauter dans un avion, de manière très opportuniste ». Et de citer son homologue américain, le secrétaire d’Etat Antony Blinken, comme un « expert » en la matière. Entre ministres des affaires étrangères, « on communique directement sur messagerie, sans note diplomatique ou intermédiaire », se vante Stéphane Séjourné. Discret dans la campagne des européennes, le ministre et chef du parti présidentiel s’intéresse surtout à la distribution des postes à Bruxelles après le 9 juin. Il travaille à la construction du futur Meccano institutionnel, afin de proposer au chef de l’Etat un certain nombre de scénarios pour les « top jobs ». Pour passer des « deals » dans les capitales étrangères, il a la confiance d’Emmanuel Macron, qui dit de lui qu’il est « transactionnel ». « Pour lui, la politique, c’est de la stratégie », approuve un ancien député de La République en marche. Tandis que Clément Beaune, ancien ministre délégué à l’Europe, le définit comme « un macroniste qui aime les appareils ». Autant dire un cas rare. « Un ambitieux timide » Mal à l’aise en public, le nouveau chef de la diplomatie française fuit les mondanités. Invité au dîner d’Etat donné en l’honneur de la France au palais royal de Stockholm, fin janvier, par le roi et la reine de Suède, où la queue-de-pie et le nœud papillon étaient de rigueur, l’ancien syndicaliste étudiant a décliné, alors que d’autres ministres se poussaient du col. « T’es marrant !, s’est étonné Emmanuel Macron, qui le connaît pourtant depuis dix ans. Les autres se précipitent, et toi non… ? » « Stéphane est un ambitieux timide, confie l’un de ses anciens camarades. Il a peur de la lumière, mais elle l’attire. » A son arrivée au Quai d’Orsay, « le malheureux Séjourné » – comme l’appelle l’un de ses prédécesseurs –, issu de la classe moyenne, relégué au neuvième rang dans l’ordre protocolaire et desservi par un problème de dyslexie, a été pris de haut par les diplomates, habitués à être dirigés par d’anciens premiers ministres. « Macron leur a envoyé son collaborateur pour les humilier », commente à l’époque Olivier Marleix, le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale. Un mépris de classe dont Stéphane Séjourné ne s’est pas formalisé. « Je ne travaille pas pour mon administration, je travaille pour le pays », balaie-t-il. Les fonctionnaires ont, depuis, compris qu’il est préférable d’avoir un ministre qui a l’oreille du chef de l’Etat, alors que la politique étrangère relève du domaine réservé du président de la République. « Il y a un certain snobisme au Quai, c’est une caste, observe l’ancien ambassadeur Gérard Araud. Mais Stéphane Séjourné est malin, il a compris qu’il ne faut pas se laisser avaler par la machine. » Il y a toutefois une « énigme Séjourné ». Président du groupe Renew au Parlement européen de 2021 jusqu’à sa nomination au Quai d’Orsay, celui qui a « développé un attachement réel [pour cette assemblée] », selon Clément Beaune, aurait naturellement dû conduire la liste du camp présidentiel au scrutin du 9 juin. Avant lui, d’illustres chefs de parti ont mené la bataille des européennes : Michel Rocard en 1994, ou Nicolas Sarkozy et François Hollande en 1999. « J’étais en train de me préparer à être tête de liste, je savais que ça allait être difficile », assure aujourd’hui l’intéressé. En l’exfiltrant par le haut, aux affaires étrangères, à la surprise générale, Emmanuel Macron abandonne pourtant cette option. Comme s’il craignait que son ancien collaborateur, dont parfois « les mots s’inversent » à l’oral, « quand il y a un moment de fatigue ou de stress important », ne fasse pas le poids face à la tête de liste du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, en duel télévisé. Plus à l’aise dans les seconds rôles, le secrétaire général de Renaissance se serait bien vu en revanche numéro deux sur la liste de Valérie Hayer. Histoire d’avoir un point de chute lorsqu’il quittera le Quai d’Orsay. Il figure finalement en 80e position (non éligible), au motif qu’« il a déjà été servi », selon une l’une des expressions favorites d’Emmanuel Macron. Critiques au sein de la majorité Une nouvelle échéance délicate se profile déjà pour Stéphane Séjourné : le congrès du parti Renaissance doit se tenir à l’automne, au cours duquel son mandat sera remis en jeu. Un rendez-vous qui agite déjà la majorité. A dix-huit mois des élections municipales et à deux ans et demi de la présidentielle, ce poste-clé pourrait être convoité par de plus capés. Le nom de l’ancienne première ministre Elisabeth Borne, qui entend bien jouer un rôle politique d’ici à 2027 et regrette parfois l’absence de travail sur les idées au sein du mouvement, revient régulièrement. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui veut elle aussi s’impliquer davantage dans la vie politique, affirme que « le parti a un rôle essentiel à jouer pour porter la question du dépassement des clivages ». Alors qu’un collège de huit cents personnes est censé choisir le futur secrétaire général de Renaissance, « le chef de l’Etat pèsera sur [cette] désignation », prévient un conseiller d’Emmanuel Macron. Ce dernier, qui ne s’est jamais beaucoup intéressé au parti, jette un œil sur les finances du mouvement tous les mois, et voudra, dit-on, en garder le contrôle jusqu’en 2027, voire au-delà. « Car si Marine Le Pen gagne, il sera le seul à l’avoir battue », observe un de ses proches, convaincu qu’il aurait alors l’intention de « revenir ». Reste que les critiques se multiplient au sein de la majorité à l’encontre d’un Stéphane Séjourné pris par l’agenda international, qui « ne pourra pas continuer à s’occuper de Renaissance tout en étant aux quatre coins du monde ». L’intéressé fait remarquer que « sept ou huit ministres des affaires étrangères sont en même temps chefs de parti en Europe », et affirme qu’il se positionnera « après l’été ». Activisme en coulisse Stéphane Séjourné a su habilement, défend l’entourage d’Emmanuel Macron, « garantir l’unité de la famille », occuper une position « centrale » entre l’aile gauche et l’aile droite du parti. Ce qui n’était pas écrit d’avance. L’ancien leader de la « bande de Poitiers », qui a eu pour premier fait d’armes, en 2006, le blocage de la fac de droit pour protester contre le contrat première embauche, est d’abord « un très bon cambadéliste », dit en souriant le communicant Gaspard Gantzer, en référence au socialiste Jean-Christophe Cambadélis, qui a formé Stéphane Séjourné et ses copains, montés à Paris au début des années 2010. Une photo du jeune Séjourné, manifestant avec le keffieh palestinien autour du cou, a surgi sur les réseaux sociaux à la faveur de la guerre à Gaza. Le député (écologiste) du Val-d’Oise Aurélien Taché, ancien de la « bande de Poitiers » lui aussi, se souvient en effet d’un « vrai militant internationaliste », qui l’avait accompagné à Tunis pour soutenir le « printemps arabe » ayant éclaté en 2011. Les macronistes n’ont pas oublié l’activisme en coulisse de l’eurodéputé Séjourné pour affaiblir le premier ministre Edouard Philippe en 2020, ni son désaccord avec Emmanuel Macron lorsque ce dernier, en mai 2023, recadrait sévèrement Elisabeth Borne, coupable d’avoir qualifié le RN d’« héritier de Pétain ». Rares manifestations d’un ethos de gauche depuis son entrée en Macronie. « Ça va le social-traître ? », le taquinait, en 2014, son ami Gabriel Attal – à l’époque conseiller municipal (socialiste) de Vanves, dans les Hauts-de-Seine –, alors que Stéphane Séjourné venait de rejoindre à Bercy le cabinet d’Emmanuel Macron au ministère de l’économie. Nathalie Segaunes </ifauth> </hidden>

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