2025/09/18 00:37
Terminus pour Midnight Trains, la start-up française qui rêvait de trains de nuit « grand confort »
Le pari était ambitieux : redorer le blason du train de nuit en créant des « hôtels sur rails », comme au temps de l'Orient Express. Un projet fou « mais pas si dingue » qui ne verra pourtant pas le jour, a annoncé la start-up Midnight Trains ce samedi 1er juin, qui jette l'éponge après avoir tenté pendant quatre années de faire circuler ses « trains de minuit » à travers l'Europe. Des voyages nocturnes tout confort reliant Paris aux autres capitales européennes, des cabines privatives comme dans une chambre d'hôtel sans inconnu ronfleurs à vos côtés, un design épuré, un service de restauration de qualité et, tout cela, en restant accessible… Le projet lancé en 2020 par trois entrepreneurs, qui n'avaient alors encore jamais travaillé dans le milieu ferroviaire, était particulièrement attrayant. Un projet impossible à financer Au départ, Adrien Aumont, cofondateur de KissKissBankBank, un site de financement participatif similaire à Leetchi, qu'il a revendu à La Banque Postale en 2017, utilise ses réseaux pour lever les premiers fonds. Xavier Niel - avec Kima Ventures - figure parmi les bonnes fées de la première heure, de même que Pauline Duval, business angel au capital de l'application de paiement Lydia notamment, Jean Moueix, un investisseur héritier des propriétaires du Château Pétrus, les fondateurs de l'école de code Le Wagon ou encore celui de La Ruche qui dit Oui. Les premiers trains devaient relier Paris à de grandes villes européennes situées de 800 à 1.500 km, au-delà de la zone de pertinence des trains à grande vitesse, avec une première liaison test Paris-Milan-Venise. Midnight Trains souhaitait également aller jusqu'à Barcelone ou Nice et des dossiers avaient été déposés depuis longtemps pour des sillons correspondants auprès de l'Autorité de régulation des transports (ART). Mais comme pour se lancer dans l'aérien, le ferroviaire représente un investissement considérable. C'est notamment pour cette raison que le projet fut plusieurs fois ajourné. Après avoir annoncé des premiers trains en 2025, le cofondateur Adrien Aumont avait ensuite tablé sur 2026. En vain. La startup n'a pas pu boucler une seconde levées de fonds pour acquérir deux premières rames et lancer sa première liaison. Dans un long message publié sur le site de la start-up, Jean-Baptiste Bonaventure, cofondateur de Midnight Trains, annonce la mort du projet. « Pas assez financés dès le départ, nous avons manqué de vélocité et n'avons pas atteint la maturité nécessaire », écrit-il. Un marché « pas prêt à s'ouvrir à de nouveaux entrants privés » Déçu que leur « vision n'ait pas été partagée plus largement » par des investisseurs, le cofondateur pointe des « acteurs financiers en Europe (qui) ne sont pas en adéquation avec un projet » tel que le leur. Reconnaissant leurs propres erreurs, justifiées par le fait qu'ils voulaient se comporter en « bons pères de famille », ils auraient « dû se rendre compte très rapidement », écrit-il, « que le ferroviaire n'est pas prêt à s'ouvrir à de nouveaux entrants privés ». La start-up pariait pourtant sur l'ouverture des infrastructures ferroviaires européennes à tous les opérateurs publics ou privés souhaitant faire rouler des trains comme le faisaient jusqu'alors les seuls exploitants nationaux (SNCF, RENFE, DB, etc.). « Les textes sont ouverts mais dans les faits, le marché du ferroviaire s'est surtout ouvert à lui-même. Ce marché a été organisé par les pouvoirs publics pour leurs propres opérateurs historiques, pas pour faire réellement émerger de nouveaux acteurs », s'insurge encore Jean-Baptiste Bonaventure. Dont acte. lesechos