2025/09/18 00:37
L'Ukraine veut isoler les troupes russes en Crimée à coups de missiles, mais une voie ferrée résiste
Pour approvisionner ses hommes stationnés en Crimée occupée, la Russie n'a pas beaucoup de choix. Par la mer Noire, par la route et le rail via le pont de Crimée sur le détroit de Kertch (qui relie la péninsule au sud-ouest de la Russie), par ferry à travers le détroit, ou par rail, mais depuis le sud-est de l'Ukraine cette fois. Kiev le sait et cible systématiquement ces voies d'approvisionnement. Le magazine Forbes évoque notamment la dernière attaque en date, celle d'un débarcadère pour ferry touché dans la nuit du mercredi 29 au jeudi 30 mai par des missiles de fabrication américaine, les fameux ATACMS (pour «Army Tactical Missile System»). Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de korii !Ne ratez aucun article de korii grâce à cette sélection quotidienne, directement dans votre boîte mail. Cette infrastructure était notamment utilisée pour «soutenir le regroupement de troupes (russes) en Crimée temporairement occupée», a indiqué l'état-major général ukrainien. Un joli coup qui ne devrait pourtant pas pénaliser tant que ça l'armée russe, beaucoup plus dépendante des autres voies d'approvisionnement. Viser le pont de Crimée ferait sûrement de belles images, mais ces frappes «sont plus politiques que militaires et visent à faire pression sur Vladimir Poutine devant le peuple russe», analyse Mick Ryan, un général de l'armée australienne à la retraite, dans sa newsletter. Pour vraiment toucher la Russie là où ça fait mal, il faut s'attaquer à la voie ferroviaire dans le sud-est de l'Ukraine. Et ce n'est pas une mince affaire. Terminus Crimée Les attaques ukrainiennes sur les infrastructures ennemies dans le sud du pays s'intensifient à mesure que le conflit avance. Sentant la tendance se préciser, le Kremlin a accéléré la construction d'un tronçon de chemin de fer long de 80 kilomètres reliant des lignes existantes à l'est et au sud de la zone occupée en Ukraine. «Cette route réduit également considérablement le temps de trajet entre la Russie et Marioupol [dans l'oblast de Donestk, au sud-est de l'Ukraine, ndlr], le raccourcissant de plusieurs jours et parfois de plusieurs semaines, rendant les mouvements logistiques et de troupes plus efficaces, précise le groupe d'analyse ukrainien Frontelligence Insight. Notre équipe estime que ce nouveau chemin de fer suffirait à approvisionner la région, même si le pont de Crimée était détruit.» Un nouveau défi Il suffit de cibler cette ligne de chemin de fer, nous direz-vous et vous avez raison, fins stratèges que vous êtes. Sauf que ce n'est pas si facile. Les dégâts sont généralement facilement réparables. Quant à cibler les trains eux-mêmes, là aussi la tâche est ardue. «Il est probable que les Russes minimisent les mouvements de trains pendant la journée, se concentrant davantage sur les opérations nocturnes et matinales pour réduire la visibilité des mouvements logistiques», affirme Frontelligence Insight. En coupant progressivement les autres chemins d'approvisionnement, l'Ukraine pourra toutefois bientôt concentrer toute son attention sur la voie ferroviaire au sud-est et chercher une manière de les endommager plus lourdement. En commençant par cibler les ponts, points faibles des chemins de fer, comme elle l'a déjà fait par le passé. «L'Ukraine possède actuellement les moyens de sérieusement endommager ce lien, le rendant potentiellement inutilisable pendant des semaines ou même des mois, estime également Frontelligence Insight. Cependant, cela dépend de plusieurs facteurs, tels que le nombre de systèmes de défense antiaérienne que la Russie est prête à affecter pour protéger les points vulnérables, en particulier les ponts.» La récente attaque, survenue le 26 mai, sur un système de radar longue portée russe surveillant la Crimée est peut-être un début d'indice sur les futures manœuvres ukrainiennes dans la région. slate